mercredi 24 février 2016

1990 Ecosse

Mardi 21 août 1990

Partis dimanche de Strasbourg en Trafic avec Viviane et nos filles Alexia (15 ans) et Caroline (13 ans), nous avons passé la première nuit dans la nature près de Pourru-Saint-Rémy (Ardennes) puis la nuit dernière dans un camping à Serques, près de Saint-Omer (Pas-de-Calais).

A 11h, nous quittons le camping et roulons vers Calais. Nous embarquons dans un ferry à 12h30.
Traversée de la Manche et arrivée au ROYAUME-UNI, à Dover (Douvres), dans le comté de Kent à 13h45 (12h45, heure britannique). Douvres est un port très actif, grâce à son incessant trafic de passagers.
En sortant du port, il me faut tout d’abord m’habituer à rouler à gauche. Pas évident.
Nous nous arrêtons pour pique-niquer sur les hautes falaises blanches de Douvres.
L’après-midi, nous longeons la côte jusqu’à Rye (East Sussex), l’une des plus jolies villes du sud de l’Angleterre. Nous nous promenons dans les rues.
Rye a su conserver son aspect médiéval, avec son lacis de ruelles pavées, bordées de vieilles maisons. Dans une rue pittoresque, on remarque une magnifique maison en encorbellement, « Mermaid Inn », construite en 1420.
Nous rejoignons la camionnette garée à l’extérieur de la ville. Sur une pelouse en contrebas des murs, se joue un match de cricket.

Nous roulons en direction de Londres jusqu’à Maidstone. Nous cerclons dans la région pour trouver un lieu où passer la nuit. Il est très difficile en Angleterre de s’arrêter dans la campagne : cottages, propriétés privées, champs et prés clôturés, canaux d’irrigation qui empêchent toute intrusion…
Le soir, en désespoir de cause, nous nous arrêtons en lisière d'un champ, près de Langley (non loin de Maidstone). Il y a vraiment peu de place. La tente contre une haie, à cheval sur un sillon de labour, et le Trafic par devant, dissimulant la tente aux regards.
Nous mangeons tous les quatre dans le Trafic. Les filles dorment sous la tente-gadget (une nouvelle tente à une seule toile, d’un seul tenant, soit disant très rapide à monter !) et nous dans le fourgon.

Mercredi 22 août 1990

Nous passons la journée à LONDON (Londres).
Au matin, nous entrons en ville en voiture et nous garons à proximité de la Tamise, en face de la « City ».
Attention quand on traverse les rues. Il faut regarder à droite. D’ailleurs, c’est écrit sur le sol à chaque carrefour, à l’attention des Français qui auraient oublié qu’ici on roule à gauche !
Le charme de Londres se goûte dans ses contradictions. Capitale insolite, magique et enivrante. Métropole énorme, grouillante et réellement cosmopolite. Pas de quartiers vraiment anciens, puisque le grand incendie de 1666, nettoyant la peste de l’année précédente, les a pratiquement liquidés. En revanche, peu de cicatrices de type HLM. Maisons basses et immenses parcs brumeux en plein centre ville.
Nous nous rendons d’abord sur le "Tower bridge".


C’est un pont basculant sur la Tamise près de la tour de Londres. Ce pont est célèbre dans le monde entier grâce à son architecture victorienne très particulière : il est composé de deux grandes tours néo-gothiques, d'une suspension rigide, d'un tablier s'ouvrant au passage des navires les plus hauts et d'une passerelle au sommet. Les machineries du pont ouvrant et la passerelle sont ouvertes au public pour des petites visites. C'est aussi un excellent moyen d'avoir un panorama de la ville.
Nous envisageons ensuite de visiter la tour de Londres. La tour sanglante, symbole de la monarchie britannique, a très souvent servi de prison. Les bourgeois de Calais, le roi de France Jean le Bon, et même le nazi Rudolf Hess en furent des prisonniers célèbres. Aujourd’hui, on peut  s’y extasier(!) devant les joyaux de la Couronne.
Mais nous sommes au mois d’août, et il y a une interminable file d’attente. On préfère renoncer.

On prend un taxi londonien. Une institution ! Le Cab est un véhicule rétro, spacieux, aux formes toutes rondes, qui semble appartenir à un autre siècle… Il offre un espace immense, haut de plafond, facile d'accès grâce à de larges portières avec un compartiment voyageur isolé.
Le taxi nous dépose devant la Tour de l'Horloge du Palais de Westminster, le siège du parlement britannique (House of Parliament). Big Ben est le surnom de la grande cloche située dans la tour. 


Le 31 mai 1859, la célèbre horloge entre en service. Chaque année, elle est réglée en posant une pièce de un penny sur le mécanisme si elle prend de l’avance, ou en en enlevant une si elle retarde. Le bâtiment fait face à la Tamise, entre le pont et l'abbaye de Westminster (Westminster Abbey). Depuis 1859, ce sont les cloches de Big Ben qui, à minuit le 31 décembre, annoncent dans tous les foyers anglais le début de la nouvelle année. Le son est retransmis sur toutes les chaînes de télévision et de radio du pays.
Nous visitons Westminster Abbey, une magnifique église où sont enterrés les hommes les plus illustres d’Angleterre et où se font couronner les rois et les reines.

Après cette visite, nous cherchons à manger. Il est assez difficile de bien manger à Londres pour pas cher. Nous nous rabattons sur un fast food. Très mauvais. Du moins pour moi, car Viviane et les filles ont l’air d’apprécier le sandwich infâme !
L’après-midi, nous nous rendons à Buckingham Palace, la résidence de la famille royale. Nous échappons à la relève de la garde qui a lieu le matin à 11h30. Nous nous contentons des abords du palais, le long des grilles, devant les gardes impassibles sous leurs grands bonnets à poil.
Nous sommes à proximité de Hyde Park. Nous allons le traverser. Une bouffée d’air frais dans un grand parc frémissant de feuilles. A l’un des coins du parc, « Speaker’s Corner », un homme, juché sur une caissette, lit à haute voix quelques pages d’un livre, avec force gesticulations. 


Il y est vaguement question d’un « rabbit », un lapin. C’est tout ce que nous comprenons ! Tout britannique ayant un message à apporter au monde peut venir l’exposer dans ce coin du parc devant des passants indifférents.
On peut y dire n’importe quoi et n’importe comment !
De l’autre côté du parc, nous parcourons Oxford Street, une rue très commerçante de Londres, avec ses grandes boutiques. La rue est envahie de taxis, de bus à impériale. 














Partout dans Londres, domine le rouge anglais, le « pageantry », que ce soit sur les uniformes des gardes à cheval, sur les bus à impériale ou les cabines téléphoniques caractéristiques.
Vers 17h30, nous prenons un bus à impériale pour quitter la City et retourner à la voiture. Depuis le premier étage du bus, nous sommes aux premières loges pour assister au spectacle de la rue.


C’est la galère pour sortir de Londres vers le nord. Et quand nous avons enfin quitté l’agglomération, une autre épreuve nous attend : la recherche d'un emplacement pour dormir. Nous cerclons dans la campagne environnante jusqu'à la nuit. Rien d’un tant soit peu sympathique… Viviane et les filles commencent à s’impatienter. Je suis trop difficile, paraît-il…
Finalement, nous allons nous arrêter aux abords d'un champ et d'une route. Je monte la tente des filles, de nuit, derrière le Trafic. Ensuite nous mangeons dans le fourgon avant de bientôt aller nous coucher.

Jeudi 23 août 1990

Départ à 9h40.
Nous faisons route vers le nord. Le but de notre voyage étant l’Ecosse, nous allons traverser l’Angleterre par les autoroutes (Leicester, Nottingham…).
Conduite apaisée : la vitesse est limitée à 70 miles (112 km/h) sur les autoroutes. Les voitures se déportent pour vous laisser entrer sur l’autoroute, les camions vous font des appels de phare pour vous indiquer que vous pouvez vous rabattre.
Nous faisons un arrêt dans la nature, hors autoroute, pour le repas de midi, ainsi que d’habitude.
Nous quittons l’autoroute au nord de Middlesbrough, à hauteur de Durham, au nord-est de l’Angleterre (comté de Durham). Nous roulons encore un peu sur une petite route de campagne et dénichons un camping sympathique sous une pinède. Il est 18h. Nous nous installons au camping.
Nous y passons une agréable soirée avec le soleil qui filtre sous la pinède.

Vendredi 24 août 1990

Comté le plus septentrional de l'Angleterre, situé au nord du fleuve Tyne, le Northumberland se termine à la « frontière » anglo-écossaise par les monts Cheviot qui prolongent la chaîne Pennine. Nous traversons un parc national et arrivons à midi en Ecosse.
Halte au col de Carter Bar (418 m), frontière de l’Ecosse, ancien poste de péage. Nous y sommes accueillis par une troupe de musiciens écossais en kilt jouant de la cornemuse. L’un d’entre eux essaye d’engager la conversation. Moi qui ai déjà beaucoup de mal à parler et comprendre l’anglais, alors là avec son terrible accent écossais, c’est quasiment impossible.
Comme je ne comprends absolument rien, il me tape dans le dos amicalement : « ah, my friend, my friend ! » Il finit par me demander si j’ai de la bière. Je sors une Kronenbourg, précisant qu’il s’agit d’une bière alsacienne !
Nous poursuivons notre route.
A l’occasion d’un arrêt pipi, je redémarre instinctivement sur la droite de la chaussée.
Un cri à l’arrière de la voiture : « papa ! » Un camion arrive face à nous. Un brusque coup de volant pour me remettre à gauche. Ouf !

 A 14h30, nous arrivons à Edinburgh, la capitale de l’Ecosse.
Je n’ai qu’un vague souvenir de cette ville qui date de mon passage avec Patrice en 1973.
Nous visitons le château d'Edinburgh, vigilant gardien de la ville sur une colline : chapelle Sainte-Marguerite, dernier vestige du château du XIe siècle, construite dans le style normand, aujourd’hui l’une des plus anciennes églises d’Ecosse ; appartements de la reine Marie Stuart avec les magnifiques joyaux de la Couronne. La plupart des ouvrages visibles aujourd’hui datent du XVIe siècle et des rajouts qui ont suivi. Le château fut bien sûr pris et repris des dizaines de fois tout au long de l’histoire de l’Ecosse.
Après le château, nous visitons la cathédrale St Giles, dont les quatre piliers centraux appartiennent à la période normande (1120). En face de St Giles, « Parliament House » est un bâtiment du XVIIe siècle qui abrita le parlement écossais jusqu’en 1707, date de la création du Royaume de Grande-Bretagne.
Nous entrons dans un pub. Vitrine en verre dépoli, boiseries patinées. Je bois une bière tirée au tonneau, « draught », sans mousse, servie à température ambiante.
En ville, dans le quartier de Grassmarket, (marché hebdomadaire de la ville de 1417 à 1911) les banderoles flottent sur une esplanade où se produit une troupe de musiciens. C’est le festival d’Edinburgh, qui se déroule chaque année en août. 


Il y a possibilité de visiter la ville par le petit train touristique… Les filles aimeraient bien. Moi, je n’ai pas envie de jouer au touriste ! Et puis le ciel est gris, menaçant. Toutes les excuses sont bonnes !
Nous allons poursuivre en voiture notre balade dans la ville. Et de fait il va pleuvoir ! CQFD.
Nous quittons la ville vers le nord.

Le soir, nous nous arrêtons dans la nature près d'un petit lac. La pluie a enfin cessé, et le soleil apparaît même par moment. Nous ouvrons en grand les portes arrière et nous mangeons dans le Trafic. Nous allons passer la nuit à cet endroit, malgré l’humidité ambiante.

Samedi 25 août 1990

Nous montons vers le nord.
Arrêt à Dunkeld, un village qui s’étale langoureusement le long de la rivière Tay : nous faisons des courses et une balade en ville. Nous visitons la cathédrale (édifiée du XIIIe au XVe siècle), dans un superbe jardin en bord de rivière avec de grands arbres. Seul le chœur a été restauré. Le reste des ruines ne manque pas de grandeur.


Nous traversons Glenisla dans l’après-midi, une vallée délicieuse, charmante, hors des circuits principaux. Nombreuses fermes avec leurs bâtiments ronds et les toits en cône.
On rejoint une route plus importante. Le paysage change du tout au tout. A partir de Spittal of Glenshee, les montagnes s’élèvent, la vallée se dépouille de ses cultures, de ses arbres, de ses maisons.
Premiers contacts avec la sauvagerie écossaise ... Les Grampian Mountains sont l’une des chaînes de montagne les plus importantes d’Ecosse, où plusieurs sommets dépassent les 1000 mètres. Montagnes usées couvertes de bruyères, larges vallées et absence de trace humaine. Des paysages absolument fascinants !
Nous franchissons Cairnwell Pass (670 m) et traversons Braemar, une station de villégiature d’été, avec un château de belle allure. Un peu plus loin, nous faisons une halte près d’un pittoresque vieux pont sur la river Dee, « the Old Bridge ». 


Viviane et les filles se trempent les pieds dans la rivière où affleurent les rochers. Brrr !


Nous passons devant le château de Balmoral, résidence écossaise de la famille royale.
Le ciel est chargé, mouvant, instable. C’est un vrai ciel d’Ecosse…
Nous décidons de passer la nuit dans ces montagnes entre Braemar et Tomintoul. Vastes étendues désertiques de landes à bruyères. 


Nous installons le campement  non loin de la route. La tente est montée au bord d’un ruisseau.


C’est ici qu’apparaissent les « midges », des moucherons voraces et irritants qui fondent sur vous en rangs serrés, particulièrement agressifs à l’aube et au crépuscule. Leur piqûre démange furieusement. Nous sortons le réchaud à gaz et préparons le repas à l’extérieur du Trafic. De la panse de brebis farcie, que nous avons achetée à Braemar. Les midges s’en mêlent et tombent en rafales dans la casserole ! Nous mangerons donc dans le fourgon.
Pour la nuit, les filles seront bien protégées par la moustiquaire de la tente. Ce qui n’est pas notre cas.

Dimanche 26 août 1990

Le jour se lève sur la lande. Avant que tout le monde n’émerge, je prends mes jumelles et  je fais de l'observation de tétras-lyres. Le petit coq de bruyère est particulièrement abondant dans les milieux découverts de landes et marécages. Des femelles s’envolent et se posent un peu plus loin en caquetant, à demi camouflées par la maigre végétation.


Nous levons le camp à 11h30. Nous allons suivre la route du whisky, « malt whisky trail » où l’on peut visiter six des plus importantes distilleries de whisky pur malt des Grampians. Toutes les distilleries sont fermées le dimanche, sauf celle de Glenfiddish, à Dufftown.

De 12h30 à 13h45, nous allons visiter la distillerie. La première goutte du précieux nectar y coula le jour de Noël 1887. Dirigée par la même famille depuis cinq générations, c’est la seule distillerie des Highlands qui assure son propre embouteillage, ce qui fait que l’on assiste au procédé complet de production. La visite est suivie d’une dégustation de Glenfiddish.
On commence à avoir faim. Après avoir quitté la distillerie, on va s’arrêter un peu plus loin pour manger.

Nous faisons route vers Elgin, le point le plus au nord de notre voyage (57°38’) puis nous nous dirigeons à l’ouest vers Inverness, longeant la mer du Nord.
Les Highlands (les « hautes terres ») sont une région montagneuse située au nord et à l'ouest de la faille frontalière des Highlands qui traverse l’Ecosse. Cette région peu habitée et peu fertile est couverte de collines et de montagnes dont plusieurs sommets dépassent 1000 mètres. Elle est coupée en deux par la faille géologique de Glen More dans laquelle s'étire le loch Ness célèbre pour son monstre marin hypothétique. Le canal calédonien qui relie la mer du Nord à Fort William traverse le loch Ness et le loch Lochy.
Capitale des Highlands, très touristique, Inverness est un passage obligé pour tous ceux qui montent au nord. C’est une ville assez agréable mais qui n’a pas grand-chose à proposer.
C’est par contre un camp de base pour faire le tour du loch Ness.
Nous parcourons en voiture la rive est du lac. Après Dores, nous prenons de la hauteur. La route folâtre dans une nature superbement préservée livrant de beaux panoramas sur le loch. Paysage doux et serein, avec un ciel nuageux et une luminosité vive qui donne au lac des reflets argentés.
















Le loch Ness, bordé de vieilles forêts de pins, se révèle plus profond que la mer du Nord et maints secteurs de l’océan Atlantique (près de 320 mètres de profondeur).
En surplomb du loch, à l’entrée du village de Foyers, le croquignolet cimetière de Boleskine (indiqué par le Guide du Routard) est un des plus romantiques d’Ecosse. Très vieilles tombes sculptées dont certaines, à même le sol, retournent au végétal. L’une d’entre elle date de 1789. Alexia et Caroline ne comprennent pas l’intérêt d’une telle halte et se demandent bien pourquoi l’on vient à l’étranger visiter des cimetières, alors que l’on n’y met pas les pieds en France !
Parvenant à l’extrémité sud du lac, nous remarquons une prairie au bord d'une rivière où des camping-cars sont arrêtés, nous incitant à en faire autant. Nous nous installons un peu à l’écart et je monte la tente. Les filles chaussent nos paires de bottes pour traverser la rivière à pied et faire de l’équilibrisme sur les rochers qui la parsèment.


Vu l’humidité ambiante, nous mangeons à l’intérieur du Trafic.

Lundi 27 août 1990

Aujourd’hui, nous prévoyons de traverser les Highlands jusqu’à la côte atlantique.
Nous terminons tout d’abord notre tour du loch Ness, remontant par la rive ouest jusqu’à Drumnacdrochit. C’est le cœur touristique de la région du loch Ness. Les ruines du château d’Urquhart surplombent le lac. On y trouve un musée sur l’histoire du monstre et d’inévitables boutiques à souvenirs de Nessie, le monstre du loch Ness.
Celui qui a imaginé l’histoire du monstre a réussi l’un des plus beaux coups publicitaires de tous les temps. Après la publicité faite autour de l’apparition de ce monstre et toute l’effervescence qui a suivi - une équipe de Japonais est même là à plein temps -, un ingénieur britannique vient de proposer une thèse intéressante : les troncs de pins tombés dans le lac finissent, gorgés d’eau, par couler. Due aux fortes pressions, l’apparition de gaz à l’intérieur du tronc provoque de grosses bulles qui le remettent à flot. Leur échappement peut prendre l’apparence de véritables explosions de ballast. Une fois vidé, le tronc, à nouveau plus lourd que l’eau disparaît tout aussi vite au fond.
On ne s’attarde pas et on se dirige vers Glen Affric, une vallée paradisiaque pour les amoureux de la nature. Douceur, variété des paysages et des tonalités sous un ciel variable à souhait. 



On fait un arrêt sympa aux «Dog Falls », des chutes d’eau avec plein de rochers à escalader. La route longe le loch Beinn et s’arrête au bout de 20 km sur une aire de pique-nique. 


Demi-tour jusqu’à Cannich. Traversée des Highlands vers l'ouest par de petites routes.
Le paysage classique des Highlands est la lande couverte de bruyère ou de fougères et parsemée de rochers énormes et de lacs (les lochs) aux eaux très claires. Les vallées profondes (les glens) ont été façonnées par les glaciers qui ont aussi découpé la côte ouest en fjords semblables à ceux de Norvège. Par endroits le sol imperméable est marécageux et couvert de tourbières. Une flore et une faune particulière se sont développées dans ce milieu très humide et balayé par les vents froids. Les falaises escarpées par endroit abritent toutes sortes d'oiseaux marins.
La route de Kinlochewe à Torridon est fantastique : large vallée avec de rares arbres, encaissée entre de hauts massifs granitiques. C’est un parc naturel.
Nous atteignons Shieldaig, au-dessus de la baie de Torridon. C’est un nouveau village de pêcheurs sur une baie fantastique, avec une route perdue et une île au milieu du port. Sur une terrasse dominant la baie et le village, nous trouvons un terrain pour camper. Le site est non payant. Il y a des toilettes mais pas de douche. Des moutons broutent sur les pentes enherbées.


La vue sur la baie est magnifique.


On peut y apercevoir des marsouins s’ébattre dans la baie, on peut y pêcher le saumon en eau douce et la morue en eau salée.
Et quand le jour baisse, la teinte sombre des collines accentue la luminosité argentée de la mer. Splendide.


Alexia décide d’aller se promener seule. Devant l’inquiétude de Viviane, je pars à sa recherche. Je la retrouve sur la lande, sans problème pour elle…
Le soir, Viviane et moi faisons une balade dans le village en contrebas. Au moment de nous coucher, les filles sous tente poussent des cris d’orfraie. Elles sont impressionnées par l’ombre à contre-jour, contre la toile, de grandes tipules, des espèces de grands moustiques inoffensifs. Des « pistules », disent les filles.
Pendant la nuit, un vent violent se met à souffler. Nouveaux cris. La tente, proie du vent, est en mauvaise posture. Je me lève et rejoins les filles. Je les envoie dormir dans le Trafic avec Viviane et je prends leur place sous la tente. Je vais passer la nuit à maintenir l’armature jusqu’à ce que le vent se calme.

Mardi 28 août 1990

Au matin, la tempête s’est calmée. Nous passons la matinée sur place. Départ à midi. Avant de quitter les lieux, nous n’oublions pas notre obole, dans une boîte aux lettres à la sortie.
Nous parcourons par une petite route montagneuse la péninsule du Beinn Bhan, d’abord en corniche au-dessus des fjords puis à l’intérieur des terres. Les paysages sont superbes.
Nous traversons des hameaux perdus où paissent en liberté chèvres et moutons. 


Paysage presque breton  avec les maisons aux murs souvent peints à la chaux blanche, avec leur toit aux tuiles grises et une cheminée à chaque extrémité du bâtiment. On retrouve l’origine commune celtique des Ecossais et des Bretons. 


La petite route étroite serpente dans la lande. Beaucoup de moutons sur les routes. Ça et là, des renfoncements (passing places) sont installés à intervalle régulier pour permettre le croisement des voitures. Nous sommes frappés par le nombre important de lapins écrasés qui jonchent la chaussée, comme chez nous les hérissons.
Nous atteignons Kyle of Lochalsh sur le littoral atlantique en face des îles Hébrides.  La région est remarquable par la beauté du littoral entrecoupé de lochs très semblables aux fjords norvégiens. C’est le point d’embarquement pour l’île de Skye, la plus proche et la plus grande des îles Hébrides dites intérieures.  

Nous prenons un bac. On accoste à Kyleakin. Nous rejoignons Portree, la capitale. C’est un port très mignon avec ses maisons aux façades peintes de tons pastel.


Site vraiment merveilleux en bordure d’un loch qui s’enfonce à l’intérieur des terres. Et le ciel se dégage. Le soleil illumine le port.


Nous faisons une balade en ville à pied. Dans une boutique, nous achetons des pulls en shetland pour Jean-Lionel et Alexia.
La monnaie en Ecosse est toujours la livre sterling mais il faut savoir que l'Ecosse jouit d'une relative autonomie par rapport à l'Angleterre : les banques écossaises peuvent ainsi émettre leurs propres billets de banque, différents des billets de banque anglais, mais qui sont de même valeur.
Par la suite, nous effectuons un circuit dans l’île. Paysage impressionnant : la mer, la montagne, les torrents, les moutons, la lande. En cours de route, un émouvant petit cimetière ceint d’un muret de pierres. Encore un cimetière, se plaignent Alexia et Caroline !


Nous nous dirigeons vers Dunveagan, à l'ouest de l'île, avec son château, résidence du célèbre clan Mc Leod depuis le XIIe siècle. Par une très petite route, nous gagnons, 6 km plus loin, un parking où nous garons le fourgon. Balade à pied d’un quart d’heure sur un sentier qui mène à une plage jonchée de débris de coraux.
Au retour, nous avons quelques difficultés pour nous dégager du parking boueux.
A Dunveagan, la côte du loch est déchiquetée.


Nous observons une colonie de phoques veaux-marins (Phoca vitulina), installée sur les minuscules îles.


Non loin de là, broutent les magnifiques vaches des Highlands.



Cette race très ancienne, à la robe rouge-brun, à poils longs, s'est façonnée dans une région au climat rude. Elle est très rustique, demandant peu de soins, capable de vivre dans les conditions les plus dures : froid, neige, marais...Elle est capable d'exploiter des pâturages pauvres dans des paysages de landes. Elle peut consommer une grande variété de végétaux de type arbustif, ce qui en fait une excellente débroussailleuse. Elle est la seule vache capable de vivre dans cette région où la seule concurrence vient des moutons.
Et ce soleil rasant qui embellit le paysage!
Nous longeons la côte vers le sud. Le temps se gâte et vire à la tempête. Nous nous arrêtons vers 20h30 sur un terre-plein au bord d'un fjord fouetté par la pluie et le vent.
Ce soir, les filles dormiront dans la voiture à cause de la tempête, Viviane et moi sous la tente.

Mercredi 29 août 1990

Temps toujours maussade. Départ à 9h30 sans avoir déjeuné.
Sur le retour, nous parcourons une vingtaine de miles jusqu’à Broadford. Là nous nous arrêtons dans un B&B pour un breakfast copieux : œufs au bacon, saucisses, « beans » (haricots en sauce)… Je crois que les filles se sont contentées d’un chocolat !
Nous quittons l’île en reprenant le bac à Kyleakin.

Près du village de Dornie, nous visitons Eilan Donan Castle, une forteresse érigée au XIIIe siècle pour interdire l’accès du loch aux Vikings, rasée en 1719, reconstruite en 1932 selon les plans du XIIIe siècle et qui servit de cadre au film « Highlander ».


Le château est très visité, mais il garde son charme. On imagine la population du village envahir le vieux pont d’entrée pour brûler le héros du film, incarné par Christophe Lambert.          
Nous visitons le château, entre autres les cuisines, la grande salle de réception.


Nous poursuivons notre route et rejoignons la faille de Glen More et le canal calédonien pour atteindre Fort William. 300 jours de pluie par an ! Mais la position de Fort William au pied du Ben Nevis, le pic le plus élevé des îles britanniques (1344 m), en fait pourtant l’une des villes les plus touristiques d’Ecosse : risque d’indigestion de boutiques de souvenirs en perspective ... A éviter, donc. Nous y faisons néanmoins quelques achats. Ensuite nous allons prendre un pot. Viviane, qui collectionne les verres à bière, me charge de demander au serveur s’il est possible d’obtenir une pinte vide. Je bredouille quelque chose comme « Is it possible to have a pint for my wife’s collection ? » Il me fixe intensément. Un moment d’incertitude. Puis il me lance un « yes » tonitruant. Et c’est tout. On repart avec la pinte.

Dernière étape dans les Highlands avant le retour vers Glasgow. La route vers le loch Lomond traverse une vallée fantastique, Glen Coe, encerclée par des sommets à plus de 1000 mètres aux formes magiques. Puis la route file droit à travers un plateau de tourbières immense, dominé par les Black Mounts : les paysages sont sauvages et splendides.
Le soir, nous longeons le loch Lomond. Lorsque nous trouvons un endroit accessible, nous faisons une halte dans la nature pour manger, au nord de Glasgow. Et vers 21h30, c’est le trajet vers le sud...

Jeudi 30 août 1990

... Pendant la nuit, nous allons traverser toute l’Angleterre par l’autoroute (Manchester, Birmingham…).
Je m’arrêterai par deux fois sur une aire d’autoroute pour dormir un peu.
Nous arrivons dans la matinée au nord de Londres.
Nous contournons la ville et reprenons la route vers Douvres que nous atteignons dans la soirée.
A 17h15, nous embarquons pour la France. Nous arrivons à Calais à 19h45 (heure française).

Nous retournons dormir au camping de Serques. Il n’y a plus assez de place à l’intérieur. Nous pouvons nous installer sur un pré à l’entrée du camping, sous des arbres. Les filles retrouvent leurs copains d’il y a dix jours. Dans ce camping populaire, les familles passent d’année en année leurs vacances au même endroit.

Nous effectuerons demain notre trajet de retour vers Schiltigheim.


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2 commentaires:

  1. Hello Amoureux de l’Écosse ( 4 séjours) je cherche des infos pour mon prochain voyage photos notamment le tétra lyre. Pouvez vous me donner des détails sur l'endroit d e vos observations. Meci d(avance

    www.humberta.piwigo.com

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    1. Bonjour,

      C'était il y a trente ans !
      En reconsultant des cartes, cet endroit se situait dans les Grampian Mountains. Sur la route A939 (old military road)entre le château de Balmoral(résidence écossaise de la famille royale)et Corgarff. Nous nous étions arrêtés auprès d'un ruisseau qui traversait la route. Ce pourrait être, sans certitude, le ruisseau Caochan a'Bhutta.
      A l'époque, je ne possédais pas d'appareil photo suffisamment performant. Mais je me souviens que ces landes fourmillaient de tétras-lyres qui caquetaient dans la maigre végétation...
      Voilà les souvenirs qui me sont restés. Désolé de ne pouvoir être plus précis.
      Cordialement,
      Jean-Marie Mengin.

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