mercredi 24 février 2016

1996 - 1997 Nouvelle-Zélande

Vendredi 27 décembre 1996

Depuis Arinthod (Jura), maman et Gilbert nous ont emmenés hier  à la gare de Lons-le-Saunier. Nous avons pris le train pour Paris et avons passé la soirée et la nuit chez Pierre et Sylvie à St-Maur-des-Fossés.

Dans la matinée, nous prenons le RER jusqu'à l'aéroport de Roissy.
A 13h30, nous décollons à bord d’un avion de la Cathay Pacific (compagnie aérienne de Hong-Kong). Un long voyage commence vers l’Océanie…
L’avion est bondé. Beaucoup de Chinois qui rentrent au pays. On trompe l’ennui en regardant des films nuls sur les écrans de bord… Difficile de dormir…

Samedi 28 décembre 1996

...A 8h20 (heure locale), escale en Asie du Sud-Est, à Hong-Kong (colonie chinoise du ROYAUME-UNI) après 12 heures de vol (7 heures de décalage horaire).
L’atterrissage est très impressionnant. Une piste de 3-4 km gagnée sur la mer au ras de l’eau. Par le hublot défilent très proches la baie et une multitude de bateaux. Où va bien pouvoir se poser l’avion ? Il descend entre les immeubles, à hauteur des appartements, et au dernier moment, il touche la piste…

A la pointe sud-est de la Chine, sous le tropique du Cancer, le territoire de Hong-Kong  est composé d’une presqu’île, d’une île et de 235 îlots bordés par la mer de Chine. 1070 km² et plus de six millions d’habitants !
En 1842, à l’issue de la guerre de l’opium, les Anglais héritent de l’île de Hong-Kong à perpétuité. Suite à quelques escarmouches, la Chine est contrainte d’accorder la presqu’île de Kowloon en 1859. 40 ans plus tard, en 1898, au cours d’une nouvelle négociation, Hong-Kong obtient de la Chine 730 km² de terrains, loués en vertu d’un bail de 99 ans : les « Nouveaux territoires » et les îles.
Réalistes et prudents, les Britanniques ont décidé de restituer à la Chine l’ensemble de la colonie. L’échéance est fixée le 1er juillet 1997, c’est-à-dire dans six mois.

A la sortie de l’aéroport, nous nous rendons en taxi dans un hôtel réservé pour la journée par la Cathay Pacific. C’est un hôtel climatisé dans une grande artère de Kowloon. Kowloon est une presqu’île couverte de gratte-ciel jusqu’au quartier du front de mer qui grignote par endigages successifs la baie de Hong-Kong.

Nous sommes un peu vaseux, mais nous n’allons pas rester enfermés. Nous sortons nous promener dans les rues de la ville. Nathan Road est l’épine dorsale de Kowloon. En remontant cette longue rue, on plonge dans l’un des aspects les plus connus de Hong-Kong, le foisonnement du commerce. On longe une série de grands hôtels aux noms universels, puis vient un amalgame de boutiques, restaurants, échoppes… Partout, les enseignes aux idéogrammes chinois rouge et noir se mêlent aux noms anglais. Ambiance de chaos démesurément amplifiée par un trafic intense d’automobiles et d’autobus colorés à deux étages.















Les gigantesques immeubles aux allures futuristes cachent mal les ruelles et les marchés, témoignages d’un peuple déraciné. Tout un aspect folklorique permet de saisir l’âme qui se dissimule derrière un décor tantôt d’avant-garde, tantôt rétrograde. Bocaux d’herboristes au fonds desquels se mêlent faune et flore séchées qui guérissent tous les maux possibles ; produits de la mer grouillant au fond de seaux en plastique aux devantures des échoppes ; sauterelles grillées sur les étalages…

Nous prenons notre repas dans un restaurant coréen. La cuisine est bon marché et copieuse.
On paie en dollars de Hong-Kong, la monnaie locale.

Nous rentrons à l’hôtel pour prendre une douche et faire une sieste. Nous poursuivons notre balade en ville dans l’après-midi. Nous traversons un grand parc, où nous faisons une halte à l’ombre des bambous. 


On entre dans une pagode, où des fidèles viennent allumer des cierges et brûler de l’encens.


Les religions à Hong-Kong sont le bouddhisme et le taoïsme. Malgré une façade à l’occidentale et un monde des affaires hyper-capitaliste, en dépit des hôtels, voitures (Hong-Kong possède le plus grand nombre de propriétaires de Rolls Royce au monde !), logements au confort ultramoderne et vêtements occidentaux du dernier cri, l’œil du dragon reste toujours ouvert et veille au maintien des coutumes traditionnelles : importance de la famille, culte des ancêtres, superstitions sans limites et vénération de la Chine. Mélange inextricable d’Asie et d’Occident…
Une autre incongruité : des arbres décorés aux couleurs de Noël, (avec même des Pères Noël !) parsèment les rues. En pleine saison sèche, avec une température qui avoisine les 20°, c’est pour le moins surprenant…


Nous sommes impressionnés par le nombre de téléphones portables. Tout le monde déambule dans la rue avec son portable à l’oreille. Bien plus qu’en Europe ! 
Par contre, le Chinois de Hong-Kong ne sourit pas et ne s’intéresse absolument pas à vous !

La nuit sous les tropiques tombe brusquement. Nous parcourons les rues illuminées et nous rentrons dans la soirée à l'hôtel.


Nous n’avons pas dormi et on nage entre deux eaux… Mais nous sommes trop fatigués pour parvenir à dormir.
Une navette vient nous chercher à l’hôtel. Nous rejoignons l'aéroport : décollage à 21h15.
Aussi impressionnant qu’à l’arrivée : par les hublots, on distingue les gens dans leurs appartements…

Dimanche 29 décembre 1996

… Dans l’avion, on passe le temps en mangeant et regardant des films, notamment « Independance day ». Puis les stores des hublots sont tirés pour permettre aux passagers de dormir. Pas évident !

Sur le matin, on nous distribue des serviettes chaudes et parfumées pour s’éponger le visage.

A 12h30 (heure locale), l’avion atterrit à Auckland, en NOUVELLE-ZELANDE, après 10h15 de vol (encore 5 heures de décalage horaire, soit 12 au total).

Colonie britannique depuis 1840, la Nouvelle-Zélande devient un dominion indépendant le 26 septembre 1907, et un royaume du Commonwealth le 25 novembre 1947 lors de la ratification du Statut de Westminster. 
La Nouvelle-Zélande est une monarchie constitutionnelle, reconnaissant la reine Elisabeth II comme chef de l'Etat.

Après les contrôles de douane et de police, nous changeons de l’argent. Le dollar néo-zélandais est la monnaie nationale.
Loulou, le jeune frère de Viviane, nous attend à l'aéroport. Après avoir fait son service militaire en Nouvelle-Calédonie en 1980, il est venu s’installer ici, a créé une boulangerie française et acquis la nationalité néo-zélandaise.

Nous traversons toute la ville d’Auckland dans la camionnette de Loulou. Premières impressions.
Auckland, située dans l'île du Nord, est la plus grande zone urbaine du pays et la ville la plus peuplée de Nouvelle-Zélande avec environ 1 000 000 habitants (soit plus d'un quart de la population du pays). Auckland abrite une population cosmopolite. La plus grande partie se revendique d'origine européenne (surtout britannique), mais il y a de grandes communautés maorie, polynésienne et asiatique.
La partie centrale de la zone urbaine occupe un isthme étroit entre les ports de Manukau sur la mer de Tasman et le port de Waitemata sur l’océan Pacifique.
Premières impressions aussi sur la façon de conduire, plutôt scabreuse, de Loulou ! Il nous emmène d’abord à sa boulangerie, « La Tropézienne », à Browns Bay, un quartier nord-est d’Auckland. Il nous mène ensuite chez lui, une maison de bois dans une belle propriété de banlieue, sur la côte est. Nous faisons connaissance avec Caroline, sa femme, et leurs deux enfants Emma et André (prénoms à consonance britannique pour l’une, française pour l’autre). Tous trois ne parlent pas un mot de français. Il y a aussi le chien Napoléon, un pitbull sympathique…



Tout l’art de Loulou va consister à nous faire tenir jusqu’au soir sans dormir. Nous allons  faire une balade en voiture dans les alentours, au bord du Pacifique. Nous buvons l’apéritif à la maison (un amer-bière comme il se doit : Loulou est alsacien ; nous lui avons amené une bouteille d’amer !). Nous mangeons ensemble. Premier aperçu des difficultés à venir, avec les deux gosses ultra-capricieux…

Les enfants semblent nous en vouloir d’avoir squatté leur chambre…
Nous nous couchons enfin vers 21h, à la tombée de la nuit, la fenêtre ouverte sur la verdure, bercés par les cris d’oiseaux inconnus.

Lundi 30 décembre 1996

Nous dormons mal. Décalage horaire oblige ! A minuit, il est midi en Europe…
Au matin, nous sommes réveillés par des concerts d’oiseaux. Et par la pluie !
Dans l’hémisphère sud, nous sommes au début de l’été.
Auckland a un climat subtropical humide, avec des étés chauds et humides et des hivers légèrement frais et humides.

Après le breakfast à la maison, Loulou nous conduit en ville. Les parapluies sont bien utiles.
Avec un temps pareil, le mieux à faire est de visiter un musée.
De 10h à 16h, Viviane et moi visitons donc le musée d'Auckland. Logé dans un bâtiment historique imposant avec des vues spectaculaires sur Auckland et son port, le musée d'Auckland nous fait découvrir l'histoire de la Nouvelle-Zélande, le rapport du pays à la guerre, mais aussi la flore et la faune uniques de ce pays. On y trouve une collection inestimable de trésors maoris et des îles du Pacifique sud. Les galeries du musée présentent l'histoire culturelle et sociale néo-zélandaise.
Vers 14h, nous cherchons à nous mettre quelque chose sous la dent. En fait, il ne reste que quelques infâmes gâteaux dans la cafétéria du musée. C’est vrai que nous sommes dans un pays anglo-saxon !
A 16h, nous retrouvons Loulou. On traverse la ville dans les embouteillages.
De retour à la maison, nous préparons le repas avec Loulou. Caroline, sa femme, ne mange pas avec nous. Elle grignote avec ses gosses de vagues herbes tartinées sur du pain.
Nous ne tarderons pas à nous coucher. Cette nuit, nous allons dormir un peu mieux.

Mardi 31 décembre 1996

Nous passons la matinée à Browns Bay.
Scènes de rue : très décontractés, les Néo-Zélandais ! Un mélange hétéroclite entre tradition britannique et climat subtropical. On en voit un qui entre, pied nu, en tee-shirt et maillot de bain dans une banque. Impensable en Europe !
L’après-midi, nous allons au centre-ville avec Loulou et son boulanger Manu Meyer : un bon Alsacien que Loulou a déraciné pour l’employer dans sa boulangerie. Entre Loulou et lui, les conversations se font en alsacien ! Ce n’est pas encore comme ça que nous allons perfectionner notre anglais !
Nous visitons l'aquarium "Le monde sous-marin". C’est Loulou qui traduit ce que nous ne comprenons pas, c’est-à-dire presque tout. La visite est divisée en trois parties, la première étant un circuit en véhicule monorail autour de la banquise. C’est une rencontre de très près avec une colonie de manchots. Après avoir traversé la reconstitution du camp de Scott, un explorateur anglais parti de Nouvelle-Zélande en 1910 pour atteindre le pôle Sud, nous prenons place sur un tapis roulant pour une balade en vision sous-marine. Le tunnel de plexiglas qui nous entoure nous permet d’observer requins et autres poissons en toute quiétude. Impressionnant !
Ensuite, nous visitons le musée maritime.
Le musée comporte 14 galeries qui retracent l'histoire des bateaux maoris ou d'autres de différentes îles polynésiennes, ceux des premiers immigrants jusqu'aux paquebots du siècle dernier, les bateaux de l'America's Cup, etc. A noter que c'est là qu'a explosé le Rainbow Warrior, ce bateau de Greenpeace qui s'interposait aux essais nucléaires français à Mururoa, à cause de deux agents secrets français. Eh oui, la France a aussi cette réputation là dans le Pacifique...
A la sortie du musée, nous buvons un pot sur le port d'Auckland.


Avec tout ça, on a presque oublié que nous sommes le 31 décembre…
On rentre à la maison puis on part à la campagne, dans un ranch chez des amis de Loulou. La communauté française se retrouve à cette occasion. Moutons à perte de vue…
C’est autour d’un méchoui et d’un feu que l’on passe la soirée de Nouvel An. Sympathique et insolite, pour des Européens habitués à l’hiver…




Dans la nuit, nous nous rendons chez les beaux-frères de Loulou pour terminer la soirée, à Whangaparaoa. Nous sommes dans la famille de Caroline. Beaucoup moins sympathique !...

Mercredi 1er janvier 1997

… A minuit, tout le monde s’embrasse : « Happy new year ». Je me demande ce que je fous là. Personne ne s’occupe de nous.
Loulou, Viviane et moi rentrons nous coucher à Browns Bay à 1h30.

Agréable petit déjeuner sur la terrasse en bois avec un couple d’amis de Loulou qui étaient présents à la soirée au ranch.  















Le soleil monte dans le ciel, privant la maison de bois et le jardin verdoyant d’une ombre bienfaisante.

    

Je reçois un coup de téléphone de France. C’est mon frère Pierre qui nous annonce de mauvaises nouvelles : maman est entrée à l’hôpital de Bourg-en-Bresse, deux jours après nous avoir accompagnés à la gare ; le pronostic est alarmant : cirrhose du foie et début de cancer de la vésicule. Pas d’espoir…

A 11h, nous partons tout-de-même à la plage, au bord de l’océan Pacifique, avec Loulou, Manu Meyer et le couple d’amis. Nous pique-niquons au bord de l’eau. Je prends un sérieux coup de soleil sur les pieds. Dans l’hémisphère sud, la couche d’ozone est plus fragilisée que dans l’hémisphère nord. Les rayons du soleil n’en sont que plus dangereux.
Nous quittons la plage à 15h. Nous terminons l'après-midi chez les beaux-frères, à Whangaparaoa. Il reste encore beaucoup de monde parmi les personnes présentes à la soirée de Nouvel An.
Le soir, nous allons faire une balade dans la région en voiture. A marée basse, Viviane ramasse des coquillages avec Loulou et Manu. 

















Nous passons au retour à la boulangerie et au café de Loulou, à Browns Bay. Le camping-car que Loulou a loué pour les vacances est garé sur la place.


Jeudi 2 janvier 1997

Nous passons la journée chez Loulou qui est en vacances.
Dans le jardin, je joue avec Napoléon. Impressionnante, la mâchoire de ce chien. Je le soulève de terre avec le ballon qu’il tient entre les crocs. Il ne lâche pas. On comprend mieux pourquoi en Europe ces chiens peuvent être dangereux, s’ils sont dressés par des irresponsables. Une anecdote : quand Manu Meyer est arrivé chez Loulou, voyant que personne ne répondait au coup de sonnette, il a entrepris d’escalader le mur. Une fois dans la place, il s’est retrouvé face à face avec le pitbull. Pendant quelques très longs instants, il a eu la peur de sa vie… Napoléon voulait tout simplement lui souhaiter la bienvenue !
A midi, nous mangeons des "fish and chips" à Browns Bay. Nous faisons des courses ensemble dans l'après-midi avec Loulou, pour préparer notre voyage.
Le soir, à la maison, Loulou et moi écoutons un CD de Pink Floyd, « The wall », tout en fumant un joint ! Viviane n’apprécie pas du tout…

Vendredi 3 janvier 1997

Au matin, nous apprenons par mon frère la mort de maman. Elle va être enterrée dans le Jura, au village de Vosbles où elle s’était retirée avec Gilbert depuis le mois de septembre 1996. Impossible de rentrer pour la cérémonie. Nous sommes à l’autre bout du monde…

Viviane et moi passons la matinée à Browns Bay, de 10h à 14h.
L’après-midi, nous nous occupons à préparer le voyage avec Loulou, Manu et un copain français de Loulou arrivé aujourd'hui à l’aéroport, Thierry. C’est un Alsacien de Saverne ! Ça ne va pas arranger notre anglais !
Le soir, à la maison, ambiance alsacienne, avec amer-bière…
Ça n’arrange pas non plus les relations avec la Caroline !

Samedi 4 janvier 1997

A 10h, c’est le départ pour un voyage dans l'île du Nord de la Nouvelle-Zélande avec Viviane, Loulou, Manu et Thierry, en camping-car et en camionnette.
Je conduis la camionnette aux couleurs de la boulangerie (bien étiquetée « La Tropézienne »), avec Viviane comme copilote. Loulou, Manu et Thierry sont dans le camping-car, le « van ». On commence bien : Loulou, ayant garé le van devant la maison, se rapproche dangereusement du fossé. Je pense avec effroi qu’il va verser ; et tout va s’arrêter là… Eh bien, non, il doit y avoir un dieu pour les mauvais conducteurs !
Nous partons…
Il faut composer avec la conduite à gauche, s’habituer au levier de vitesse lui aussi à gauche et se méfier de ses réflexes. C’est le début de l’été. Beaucoup de monde est en vacances. La sortie d’Auckland ressemble à la banlieue parisienne, avec son lot d’embouteillages.

Trajet dans le Northland, vers la pointe nord de l'île.
En cours de route, nous côtoyons des fougères arborescentes.


Dans leur biotope, ces fougères peuvent atteindre une hauteur de 6 à 7 mètres où elles sont abondamment présentes en sous-bois des zones humides. Les fougères arborescentes poussent généralement dans les régions tropicales, subtropicales et dans les forêts humides des régions froides et tempérées en Australie, Nouvelle-Zélande, Malaisie, dans l'île Lord Howe et d'autres îles des environs.
A 13h, nous nous arrêtons dans un élevage pour une démonstration de tonte de mouton. Sur ordre, les chiens rassemblent les brebis dans la prairie, les entraînent vers un corral où elles seront parquées en attente. Un éleveur fait sa démonstration de tonte. 
















Viviane, Manu et Thierry sont invités à donner le biberon à des agneaux. C’est un plaisir de voir ces jeunes bêtes téter à qui mieux-mieux.


Après un casse-croûte sur place (un super sandwich au mouton !), nous poursuivons notre route sur la côte est. Dans l'après-midi, on s’arrête pour une balade autour d'un point de vue sur le Pacifique.















La végétation subtropicale et le découpage des côtes sont somptueux. Dans une crique en contrebas, une petite plage idyllique. Thierry ne résiste pas à l’envie de grimper sur un vénérable arbre dont nous ne connaissons pas le nom, mais qui est accessible facilement.

















Nous atteignons Matapouri.
A côté d'une toponymie anglo-saxonne, la Nouvelle-Zélande a conservé une très riche toponymie polynésienne. Le maori est une langue officielle de la Nouvelle-Zélande, au même titre que l'anglais et, en théorie, toutes les démarches officielles et les diplômes peuvent être passés dans cette langue. Projection identitaire des Kiwis blancs pour ce qui fut la patrie d'adoption de leurs ancêtres (et qu'ils ne voudraient pas qu'on voie comme un pays anglophone comme un autre), et d'autre part due à une mauvaise conscience ambiante par rapport au sort fait à la nation maorie. Tous les Néo-Zélandais sont finalement des immigrés sur la dernière terre colonisée au monde, certains (les Maoris) étant seule-ment arrivés avant les autres...

Nous nous installons pour le soir, à proximité de la route, au bord de l'océan à Sandy Bay. Nous mangeons dans le van. Loulou et Thierry entreprennent ensuite de pêcher dans l’océan. Les vagues les font souvent refluer. Manu observe, Viviane et moi faisons une balade au bord de l’eau.




Nous dormons dans la camionnette, aménagée sommairement avec des matelas. Les garçons passent la nuit dans le van. 

Dimanche 5 janvier 1997

Départ à 9h.

Arrêt à Kerikeri à 12h30. Nous faisons une promenade à pied jusqu'à 14h30 le long de la rivière jusqu'aux Rainbow falls, des cascades en forêt. Végétation exubérante, fougères arborescentes.














Dû à son long isolement du reste du monde et à sa biogéographie insulaire, la Nouvelle-Zélande abrite une faune et une flore endémiques très particulièresL'insularité a protégé cette faune et flore pendant des siècles jusqu'à l'arrivée des humains et des animaux qui voyageaient avec eux.
Le « pukeko » est une sous-espèce endémique néo-zélandaise de la talève sultane (ou poule sultane). On en voit partout. Il fréquente les terres marécageuses et les pâturages, se nourrissant de divers végétaux palustres ou herbacés, également de petits animaux.
Cette poule sultane construit son nid sur une plateforme, au sein des herbes ou des blocs rocheux immergés.
















Dans l'après-midi, nous faisons une pause à Coopers beach. Une plage où les Néo-Zélandais viennent se baigner en famille, car on est dimanche. En comparaison avec nos plages françaises, il y a peu de monde. Mais c’est tout de même trop pour moi. Mes compagnons tiennent à se baigner et se bronzer. Alors je ronge mon frein en attendant.
Lorsqu’on repart enfin, j’écrase en voulant l’éviter un bébé hérisson. A cette heure de la journée, ce ne peut être qu’un jeune poussé par la chaleur, en recherche de pitance… Je suis désolé. Par la suite, nous allons encore attendre quelques temps dans une rue, pendant que Loulou ira rendre visite à un ami gravement malade.

Le soir, nous nous installons près d'un lac à Waipapakauri, au nord-ouest de Kaitaia, au pied de la longue péninsule qui constitue la pointe nord du pays.
Le ciel est illuminé d’une densité inimaginable d’étoiles. A cette époque de l’année, dans l’hémisphère sud, la nuit resplendit…

Lundi 6 janvier 1997

Nous nous engageons ce matin dans la pointe nord de l'île. L’unique route de la péninsule Aupouri est la route numéro 1 (qui traverse toute la Nouvelle-Zélande, reliant le Cap Reinga  (extrémité nord de l’île du nord) à Bluff (extrémité sud de l'île du sud).
Nous apercevons la « dernière station-essence avant l’Australie » ! Ce qui ne veut strictement rien dire, puisque la Nouvelle-Zélande s’étend parallèlement  aux côtes australiennes… à des milliers de km de là. Puis « le pub le plus au nord de la Nouvelle-Zélande »…
Nous continuons la route en direction du Cap Reinga. Sur le parcours, nous côtoyons plusieurs prairies avec quelques troncs ou souches de vieux arbres kauris, terrassés par un vent violent, il y a quelques 50 000 ans. Paysages somptueux. Les brebis sont très présentes dans ce coin de paradis. On rencontre également des taureaux, en liberté sur le bas-côté, qui se livrent à quelques joutes, empiétant sur la chaussée. Prudemment, on attend la fin des hostilités.















Les derniers 20 kilomètres ne sont pas goudronnés. Nous sommes au fin fond de la campagne néo-zélandaise, au milieu de nulle part.
Nous atteignons le cap Reinga en fin de matinée.
Le cap Reinga est généralement considéré comme une référence, pour séparer la mer de Tasman à l'ouest et l'océan Pacifique à l'est. Depuis le phare il est possible de voir le courant de marée, les deux mers créant des eaux dangereuses.
Les Maoris appellent cet endroit le lieu de rencontre de « Te Moana-a-Rehua » (la mer de Rehua ) avec « Te Tai-o-Whitirea » (la mer de Whitirea), Rehua et Whitirea étant homme et femme, respectivement. 
Le phare de ce cap est présent dans toutes les brochures de la Nouvelle-Zélande. Il s'agit du dernier bout de terre de ce pays, et il est présenté comme un lieu unique, magique... C'est vrai que ce lieu procure une certaine émotion. Nous avons la sensation d'être au bout du monde... Il y a peu de touristes ; ce doit être le fait que nous soyons un lundi matin.



Par contre, un poteau multidirectionnel nous indique que Londres est à 19271 km, Sidney à 1975 km et le tropique du Capricorne à 1220 km !


Nous regardons devant nous la mer de Tasman se fondre avec l'océan Pacifique.

Rebroussant chemin, nous nous installons pour manger près d'une plage où d’autres vans sont garés. A 15h45, nous en repartons pour nous arrêter bientôt dans un camping en bord de mer à Spirits Bay, une baie naturelle sur la côte nord de la péninsule. Le camping est immense, largement dépeuplé. Loulou et Thierry s’essaient de nouveau à la pêche.

Mardi 7 janvier 1997

Le matin, nous rejoignons une longue bande de terre qui occupe la côte ouest de la péninsule Aupouri. Nous garons les voitures aux côtés d’une végétation subtropicale de dunes. 


Nous entreprenons d’escalader une dune. Le sable s’infiltre dans les chaussures. Ce sera donc pieds nus que l’on va grimper le plus facilement. Plaisir de redescendre sur les fesses…


Comme son nom l'indique, « Ninety mile beach », c'est près de 150 km (90 miles) de plage sauvage ininterrompue, avec d’un côté la mer de Tasman, de l’autre une dune, et de temps en temps un pêcheur. Les locaux ont pour habitude d'utiliser cette plage à marée basse pour se déplacer en voiture, bus ou quad, entre le nord et le sud de la péninsule.
Débouché impressionnant sur la plage. 


Nous roulons sur le sable pendant quelques kilomètres. La mer et le sable giclent sous les roues… grisant, malgré ma mauvaise conscience d’utiliser un véhicule à moteur sur cette plage immaculée.


Puis nous descendons vers KaitaiaC’est un ancien village maori qui compte aujourd'hui 5200 habitants. Son économie repose principalement sur l'agriculture et sur l'exploitation de ses 30 000 hectares de forêts de pins. Kaitaia est également devenue un centre industriel pour le traitement de la kauri gum (résine de kauri).
Enfilade de rues à l’américaine, bordées de maisons à un étage.
Nous faisons un arrêt en ville. 


Nous entrons dans un magasin d’artisanat. Je m’engueule avec Manu : ses réflexions sur les Maoris voleurs et assistés fleurent les discours racistes que l’on entend en Europe sur les Arabes.

L'après-midi, nous roulons par routes et pistes jusqu'à Pawarenga, en pays maori. A l’entrée d’un petit pont dans un virage de la piste, le van conduit par Loulou heurte le parapet. Comme nous suivons derrière à peu de distance, nous voyons le pare-choc arrière et le coffre externe s’arracher. Les poissons et les canettes de bière se répandent sur la chaussée.
Une réparation de fortune avec des fils de fer, et nous continuons. Le camping-car est dans un triste état. D’autant plus que la branche d’un arbre, rasé de trop près, s’est enchâssée dans la carrosserie !
Nous parcourons les pistes du pays maori. Nous traversons des villages pauvres sur un plateau. Des carcasses de voitures sont éparses partout le long des routes.
La Nouvelle-Zélande fut très tardivement peuplée. L'histoire de ce pays est l'une des plus courtes du monde, car il s'agit d'un des derniers territoires découverts par l'Homme : en effet les Maoris, peuple polynésien, y sont arrivés au VIIIe siècle. En 1642 la Nouvelle-Zélande sera « découverte » par les Européens. Les Maoris résistèrent à la colonisation britannique, mais furent, en dépit d’arrangements (traité de Waitangi, 1840), spoliés de leurs meilleures terres et marginalisés.
Nous atteignons Pawarenga, dans une vallée. Nous y avons rendez-vous avec une cousine par alliance de Loulou et son compagnon maori. Nous nous installons au bord d’une crique.
Après le repas, le compagnon maori emmène Loulou, Thierry et Manu à une pêche de nuit. Viviane et moi restons au camp.
La partie de pêche sera sportive : traîner des filets avec de l’eau jusqu’au cou, illégalement bien sûr !
Pendant le trajet, le Maori fonçait sur les routes de campagne sans prendre garde aux nombreux possums qu’il écrasait allégrement !
Et de fait, les routes néo-zélandaises sont pleines de cadavres de possums écrasés, un peu à l’image des hérissons en Europe ou des lapins en Ecosse.
Mammifère marsupial arboricole nocturne, le possum a été introduit en Nouvelle-Zélande par les premiers colons. On ne lui connaît qu’un seul prédateur, l’automobiliste nocturne et pressé. Le possum de Nouvelle-Zélande (phalanger-renard) est la cause de ravages parmi les espèces indigènes. C’est un  prédateur pour la faune et la flore natives de Nouvelle-Zélande. Considéré comme nuisible, il mange les œufs des oiseaux et lorsqu'il marque son territoire, il blesse souvent à mort les jeunes arbres natifs à croissance très lente.

Du fait de son isolement géographique, la Nouvelle-Zélande a développé des écosystèmes uniques, dont le trait le plus caractéristique est de n'avoir compté aucun mammifère avant la colonisation polynésienne, à l'exception de trois espèces de chauves-souris et de mammifères marins. Il s'ensuit une autre caractéristique de la faune néo-zélandaise : en l'absence de prédateurs, certaines espèces d'oiseaux ont cessé de voler, c'est le cas du wéka, du kiwi, du kakapo etc... Ces oiseaux ont alors colonisé des niches écologiques occupées ailleurs par des mammifères. L'insularité a protégé cette faune pendant des siècles jusqu'à l'arrivée des humains et des animaux qui voyageaient avec eux. Les Maoris ont apportés avec eux le chien et la souris polynésienne. L'arrivée des Européens a ensuite permis la propagation d'espèces nouvelles et invasives. Ces espèces créent des dégâts considérables sur la faune et la flore et sont responsables de la disparition des oiseaux les plus emblématiques de Nouvelle-Zélande.

Mercredi 8 janvier 1997

Au matin, la cousine de Loulou vient nous chercher pour nous emmener prendre un bain dans une cascade en forêt. Nous marchons dans une végétation exubérante jusqu’à une vasque formée par la chute d’une cascade. C’est un lieu sacré pour les Maoris.
Les hommes se baignent d’abord, ensuite les femmes (les Maoris sont assez prudes, de ce côté-là). A poil dans l’eau de la vasque, on a l’impression d’être au paradis terrestre.



Thierry se laisse flotter comme un bienheureux. 


Pendant le tour des femmes, puisqu’on ne peut pas en profiter, nous visitons un vieux refuge en bois délaissé qui commence à être envahi par la végétation.
Le compagnon de la cousine vient nous rechercher. 




Assis sur le capot, Thierry et la cousine…, nous dans la voiture.


Ensuite nous faisons une halte à la caravane où elle vit avec son compagnon maori, un chien et quelques poules. Perché sur une butte qui domine la plaine, à l’abri sous un bosquet, le site permet de surveiller tout ce qui se passe dans la vallée, y compris l’arrivée de la police… Le gars sort de prison et ne semble pas trop en odeur de sainteté. Sa compagne, de surcroît aux longs cheveux blonds, est la seule blanche de toute la vallée, au milieu des Maoris.


Nous quittons nos hôtes et, roulant vers le sud dans l'après-midi, nous nous arrêtons à « Waipoua forest », une forêt subtropicale aux arbres géants.
C’est une forêt sacrée chargée d’histoire et abritant une biodiversité remarquable.



A travers des sentiers aménagés, nous pouvons admirer les fameux kauris (Agathis australis). Même si l’endroit est très touristique et qu’on visite le site comme dans un musée, on est tout de même saisi par l’aura et le sentiment de profond respect qui s’en dégagent. Bien que la majeure partie des forêts de kauris aient été détruites au XIXe siècle, on trouve encore aujourd'hui ces arbres d'une taille impressionnante. La Waipoua Forest abrite deux joyaux : Tane Mahuta (le dieu de la forêt) et Te Mahuta Ngahere (le père de la forêt). Ces deux arbres sont les deux plus grands kauris au monde. Leurs dimensions sont impressionnantes : Tane Mahuta mesure 51 mètres de haut, affiche une circonférence de 13,8 mètres et son âge est estimé entre 1250 et 2500 ans.


Il faut savoir que lorsque les premiers Polynésiens arrivèrent il y a environ 1200 ans en Nouvelle Zélande, ils découvraient un pays presque entièrement recouvert de forêts originelles. L’arrivée de ces Polynésiens, avec leurs chiens, rats et connaissance du feu déstabilisèrent l’équilibre naturel de ce paradis. Des siècles durant, les paysages primaires et la vie sauvage unique de la Nouvelle Zélande souffrirent des modifications comparables à l’époque de l’ère glaciaire du Pléistocène.

Le soir, nous faisons halte au bord du lac Taharoa dans un grand camping assez peuplé, avec caravanes et camping-cars en enfilade…
Nouveau pépin dans le van : une bouteille d’huile s’est renversée, imprégnant toute la literie !

Jeudi 9 janvier 1997

Le matin, nous visitons le musée maritime de Dargaville.
Le musée se trouve sur les hauteurs de la ville. Il relate l'histoire des premiers habitants maoris, l'arrivée des premiers Européens dans la région, l'exploitation du bois et de la résine de kauri. Une grande partie du musée est consacré à l’histoire maritime. Plusieurs pirogues maories y sont exposées. Devant le musée, trônent les mâts du Rainbow Warrior, en souvenir de l’attentat contre le navire de Greenpeace en juillet 1985. La blessure de cet attentat s’est inscrite dans la culture des îles et ne s’est pas refermée.


Nous faisons un second arrêt au musée de Matakohe, consacré aux arbres kauris et l’histoire des premiers colons au travers de l’exploitation du bois.
L’après-midi, nous roulons jusqu'à Warkworth.
Le soir, nous nous arrêtons dans un camping à Sandspit, à nouveau sur la côte est Pacifique.
Survient un appel téléphonique pour Loulou : sa boulangerie a été cambriolée…
Loulou et Manu repartent alors en catastrophe à Auckland avec la camionnette. Quant à Viviane et moi, nous restons au camping avec Thierry, dans le van. Nous y passons la soirée et dormons tous les trois à l’intérieur.

Vendredi 10 janvier 1997

A 10h30, Thierry et nous deux prenons un ferry-boat qui dessert les criques de l'île Kawau. Le bateau sert de moyen de transport et accoste aux différents embarcadères de l’île. Nous nous y arrêtons à 12h30. Nous visitons Mansion House jusqu'à 13h30. Cette grande maison coloniale a été la demeure du gouverneur de la Nouvelle-Zélande dans les années 1860.
Le parc, avec ses palmiers et ses arbres exotiques, est tout aussi somptueux que la demeure. On y rencontre toutes sortes d’oiseaux et des wallabies importés.


Nous reprenons le ferry-boat jusqu’à Sandspit. Nous récupérons le van au camping et rentrons à Auckland.

Nous passons l'après-midi à Browns Bay.
Entre-temps, Loulou a accompli les démarches administratives concernant le cambriolage de la boulangerie. Il fait également réparer par un copain les aspects les plus criants de l’accident de Pawarenga sur le van.
Nous passons la soirée et la nuit chez Loulou.

Samedi 11 janvier 1997

Matinée à la maison. Nous préparons le camping-car pour un nouveau voyage.
Viviane et moi mangeons des "fish and chips" à Browns Bay.

A 14h, départ en camping-car et en camionnette avec Viviane, Thierry, Loulou et, cette fois, sa femme Caroline et leurs deux enfants Emma et André.
Nous roulons vers le sud de l'île du Nord.
Nous faisons une halte vers midi pour manger dans le van. Là, ça commence déjà bien avec les enfants, capricieux, qui ne veulent rien manger. Et comme il se doit, une demi-heure après avoir redémarré, ils ont faim ! Alors tout le monde s’arrête, en attendant le bon vouloir des deux gosses. Est-ce que ça va être comme cela pendant tout le voyage ? Eh bien, oui…

A18h30, nous nous arrêtons dans la nature, près de Kawhia, sur la côte ouest, au bord d’une crique de la mer de Tasman. Après une brève pluie, la soirée est agréable, la température est douce. La nuit tombe à 21h. Les enfants sont couchés. Nous discutons sous les étoiles, tout en fumant un joint.

Dimanche 12 janvier 1997

Le matin, après avoir levé le camp, nous allons faire une balade sur une plage. On ne sait pas pourquoi. C’est Caroline qui a décidé…
Nous continuons notre route jusqu’à Otorohanga, à 200 kilomètres au sud d’Auckland. Nous y visitons "Kiwi house". C’est une immense volière, parc de faune locale. 


On y trouve de nombreuses espèces d’oiseaux comme le weka, le kea et bien sûr le kiwi, dans la maison nocturne. C’est le premier parc au monde qui réussit à faire se reproduire des kiwis en captivité.
Le kiwi est l'oiseau national de la Nouvelle-Zélande. C'est un oiseau nocturne, qui est incapable de voler. Il est actuellement menacé d'extinction. La première cause est la destruction de son habitat : la Nouvelle-Zélande a connu une déforestation massive depuis l'arrivée des colons européens afin d'implanter une agriculture extensive. La seconde cause est l'introduction de prédateurs tels que les rats, furets, hermines, chats, porcs, chiens et opossums.
L'après-midi, nous visitons les "Waitomo caves". Ce sont de superbes grottes qui se sont formées entre 30 et 50 millions d'années auparavant : stalactites, stalagmites, calcaire et formations en tout genre, sans oublier les "glowworms", des sortes de vers luisants qui colonisent les lieux et rendent le plafond pareil à un ciel étoilé un soir d'été en montagne, alors qu'on est sous terre et qu'on entend l'eau dégouliner. La balade se fait à pied et en barque.

Le soir, nous nous installons dans un parc, au bord du lac Maraetai. On ne sait pas trop si on a le droit d’y stationner pour la nuit. En tout cas, personne ne nous dira rien. En contrebas, sur le lac, des canoës s’entraînent à la compétition…

Lundi 13 janvier 1997

On reprend la route jusqu’à Wairakei, où nous allons passer la matinée.
Arrêt à Hukka Falls, une magnifique chute d’eau. 


La cascade fait seulement 12 mètres de haut, mais les eaux s'écoulent ici avec un grondement sourd. Quelques mètres plus loin, la rivière s'élargit et l'écume s'assoupit dans son lit. La blancheur de la cascade laisse alors la place à une eau vert-turquoise. De microscopiques particules minérales en suspension lui confèrent ces reflets bleu-vert électriques.


On se rend ensuite aux « Craters of the moon », un étrange parc de cratères volcaniques en activité (faisant allusion à la surface de la lune).  Tout fume de partout. 



L'eau en ébullition sous le sol laisse échapper de la vapeur ou des jets de boue par des cratères en activité. 















Le son est impressionnant : on a la sensation d'entendre le bruit d'une cocotte-minute géante. A certains endroits, nous cheminons sur des pontons de bois. On s’approche prudemment du bord des cratères, la vapeur et les jets de boue pouvant intervenir à tout moment. 



Nous sommes au point le plus au sud de notre voyage : 38°37’ de latitude sud.
L’après-midi, remontant vers le nord, nous atteignons RotoruaLa ville est très connue pour son activité géothermique, son lac mais aussi pour son odeur de soufre très prononcée. On y trouve de nombreux geysers et des mares de boue chaude. Rotorua est également le cœur de la culture maorie.
Le site de Whakarewarewa se situe dans la zone urbaine même de Rotorua.
En suivant un sentier, nous pénétrons  dans « Te Whakarewarewa thermal reserve » : nous arrivons à Geyser Flat, une vaste terrasse de silice de 1 km², siège de nombreux phénomènes géothermiques, dont plusieurs geysers d’eau chaude. 



Le plus important est le « Pohutu » (grosse éclaboussure) qui jaillit jusqu’à 20 fois par jour et peut atteindre 30 mètres ; ses éruptions durent en moyenne de 5 à 10 minutes, mais la plus longue éruption connue dura quinze heures. Le « Prince of Wales Feathers » est situé juste à côté du Pohutu, mais il est plus petit que ce dernier ; son éruption commence généralement peu de temps avant celle du Pohutu.
Dans les zones volcaniques (le plus souvent en phase d’extinction), les nappes d’eaux souterraines réchauffées par le magma peuvent remonter à la surface et donner naissance à des manifestations géothermiques. Lorsque l’eau bout, si elle subit une pression ordinaire, elle remonte à la surface pour former une source d’eau chaude. Les mares ainsi formées ont souvent une température dépassant les 60°C. Lorsque des jets d’eaux, de gaz, et de vapeurs, bouillonnants, surgissent de terre de manière intermittente, ce phénomène est nommé « geyser ». Dans ce cas, le sous-sol est composé d’un ou plusieurs réservoirs d’eau chaude, gaz et vapeurs. Lorsque le réservoir subit une surpression, et que la température est assez élevée,  l’eau bout et est expulsée brutalement vers l’extérieur.
Aujourd’hui, l’activité géothermique est assez réduite. Mais le Pohutu se met à jaillir, provoquant un rapide mouvement de repli.


On entre ensuite dans le village maori.
Le village est entouré d’une palissade de manuka (un arbrisseau s’élevant jusqu’à 3 mètres). Totems, statues et poteaux colorés en marquent l’entrée.


- Beau cimetière étagé aux tombes blanches. En raison de la chaleur terrestre, les tombes sont hors sol.


- Maisons maories traditionnelles construites en bois et richement décorées de peintures et sculptures, petites et à ras du sol pour éviter une intrusion d’ennemi et surtout dormir à même le sol chauffé par les sources. Les maisons sont déplacées en fonction des sources qui bougent régulièrement.















- Rivière bouillante et terrasses de silice au cœur du villageLes eaux sursaturées en sels minéraux créent ces reliefs dans les mares qui parsèment le village. Une des sources d'eau bouillante (température de 95 à 100 C°) alimente les bains traditionnels maoris. On y cuit les aliments, on y fait sa lessive.



Des mares de boue bouillante sont clôturées dans le village même.


Nous quittons le village pour nous diriger vers le lac OkatainaCe lac a une apparence très sauvage car il est entièrement bordé d’une forêt typique de Nouvelle-Zélande, sans aucune habitation, avec une végétation luxuriante et des oiseaux rigolos. C’est le point le plus à l’est où nous soyons parvenus au cours de nos voyages : 176°26’ de longitude est.
Nous nous garons au-dessus d’une petite plage. Sous la végétation, un abri en bois de facture maorie…


On ne voit que le lac, on entend le cri des tuis, on voit même des hérons, pas du tout effarouchés par notre présence. Malgré une eau un peu fraîche, Thierry, Caroline et les enfants se baignent dans ce site magnifique. Nous allons y passer la soirée et la nuit. Thierry dort sous l’abri, peu désireux de se retrouver dans le van avec toute la famille.
                                                                 
Mardi 14 janvier 1997

Le matin, Viviane, toute seule, sort pour se baigner dans le lac.
Nous quittons les lieux et reprenons la route.
A 11h30, nous faisons halte à Te Puke , la capitale du kiwi. Champs de kiwis à perte de vue.
A l'origine les Néo-Zélandais connaissaient le kiwi sous le nom de "groseille à maquereau chinoise", son pays d'origine. Vers 1930 les premiers vergers furent plantés sur Te Puke. Mais ce n'est que dans les années 60 que la culture de ce fruit connut un réel essor économique, lorsqu'on découvrit que, placé au froid, le kiwi pouvait se conserver jusqu'a 6 mois ! Dès lors les exportations s'envolèrent et les petits producteurs locaux devinrent millionnaires du jour au lendemain.
Nous visitons une plantation de kiwis. Le trajet se fait en petit train pour se rendre dans le verger.


Visite guidée. Les fruits mûrissent à une hauteur allant de 1,80m à 2m du sol.

















Après la visite, nous nous attablons pour déguster du vin de kiwi.


C’est très bon ! On achète quelques bouteilles que l’on ramènera en France.
Pendant ce temps-là, Caroline joue à la balançoire avec ses enfants. Saine occupation !


Dans l'après-midi, nous gagnons la baie de Plenty, sur l’océan Pacifique.
Mount Maunganui est un faubourg de la ville de Tauranga, situé sur une péninsule ouvrant le port au nord de la ville. Ce terme désigne également le volcan en sommeil situé à l'extrémité de la péninsule.
C'est un volcan éteint, appelé dans l’ancien temps par le peuple maori « the Mount Mauao ». Il a une hauteur de 232 mètres au dessus du niveau de la mer. Pour les Maoris, il a une grande importance sacrée depuis plus de six siècles. La milice britannique s’en est servi comme camp de base militaire pendant la période coloniale. On peut encore voir les traces de leurs occupations, visibles tout autour de sa base.
On décide, avec Thierry, Caroline et les enfants de gravir le mont à pied. Viviane et Loulou préfèrent nous attendre. Au sommet du Mauao, vue panoramique à 360°. On admire d’en haut la plage de sable blanc qui s’étend jusqu’à Papamoa. Cette fois-ci, le beau temps est de la partie. On s’allonge dans l’herbe de la prairie. Des parapentes tournoient près du sommet  avant de rejoindre la vallée.
Essai de discussion avec Caroline : c’est peu probant. Elle ne cherche guère le contact. Quand on redescend, les enfants commencent à rechigner. Thierry et moi prenons chacun à notre tour le petit garçon sur les épaules (s’il daigne accepter !). Lorsqu’on est de retour au van, Viviane et Loulou viennent de se réveiller…

Nous poursuivons notre trajet le long de la côte jusqu’à Whangamata.
Petite bourgade au sud-est de la péninsule de Coromandel, Whangamata semble avoir oublié les tumultes du monde moderne. En toile de fond, le bleu intense de l'océan, le vert superbe de la forêt. Nous nous installons en soirée dans un parc en bord de mer.
Quand la nuit tombe, Thierry décide de passer la nuit dehors, dans son sac de couchage, protégé par une bâche tendue entre deux arbres, en cas de pluie. Alors le vent se lève et la pluie tombera en cours de nuit…

Mercredi 15 janvier 1997

Aujourd’hui, nous allons parcourir la péninsule de Coromandel, une région à l’est de l’île du Nord.
Whitianga se trouve sur la côte est de la péninsule de Coromandel, au cœur de la fascinante Mercury Bay.
C’est à cet endroit qu’a débarqué le légendaire Kupe, le premier Maori, et des siècles plus tard le Capitaine Cook, navigateur autour du monde.
Nous faisons une halte à Mercury Bay. Dans le van, ça barde ! Thierry s’apprête à aller faire un tour à pied. Je le rejoins, et nous faisons une balade en forêt. Nous arrivons sous une grotte, difficilement accessible, à mi-hauteur dans une falaise. La végétation va nous aider. En grimpant acrobatiquement d’arbre en arbre, comme des écureuils, nous atteignons l’entrée de la grotte.
Thierry s’étonne qu’à mon âge (sic !) je puisse réaliser un tel exploit ! Je n’ai que 46 ans, mais c’est vrai qu’il en a dix de moins…
A notre retour, on apprend que Caroline et les enfants vont rentrer à Auckland, avec la camionnette. On n’ose pas le dire, mais… ouf !

L'après-midi, nous continuons à quatre (Viviane, Loulou, Thierry et moi) à bord du camping-car. Nous faisons une halte sur une plage : « hot water beach ». Il s’agit d’une grande plage où, à un endroit très précis, il y a une source d’eau chaude. Et alors là, quand la marée est basse, tout le monde cherche dans le sable une zone où l’eau remonte et, hop! creuse sa piscine pour se mettre les fesses au chaud.
Une cinquantaine de personnes s’agglutine sur quelques m². Tout autour la plage est vide… Impressionnant ! On observe en spectateurs un peu incrédules…


L’eau est tellement chaude que l’on ne peut pas rester trop longtemps … même que par endroit ça bulle et ça fume sur le sable !

Nous traversons la péninsule d’est en ouest, par des pistes. Nous faisons une halte près d'un torrent, en pleine forêt de kauris. Même si la Nouvelle-Zélande s’enorgueillit de l’exploitation forestière de ces splendides forêts de kauris, ce fut surtout une hécatombe écologique. Sans doute plus de 80 % de ce patrimoine fut abattu, laissant quelques parcelles sur la côte ouest de l’île du Nord, et dans la péninsule de Coromandel.
Comme si le van n’avait pas encore assez souffert, nous échappons au pire sur une route. Un camion arrive face à nous. Un de ses pneus éclate au moment même où nous nous croisons, projetant un débris par les vitres ouvertes. Thierry est au volant. Le pneu passe à toute volée à quelques centimètres des visages, traverse la cabine du van et disparaît par l’autre vitre. Rétrospectivement, on réalise qu’on l’a échappé belle… Heureusement que les deux vitres étaient ouvertes !

Le soir, nous atteignons la côte ouest de la péninsule. Nous nous arrêtons dans un petit camping, dans une vallée non loin du village de Tapu. Il n’y a pratiquement personne. C’est le calme assuré. On apprécie la soirée autour d’un repas et d’une bonne bouteille de vin, sans récriminations ni pleurnicheries. Nous dormons tous les quatre dans le van.

Jeudi 16 janvier 1997

Le matin, nous longeons la côte du golfe d’Hauraki. Une maison sur pilotis en construction nous permet d’admirer l’architecture totalement en bois de la charpente.


Un peu plus loin, sur la grève, on aperçoit un cadavre de requin échoué qui a commencé à être dévoré par des prédateurs.


Nous atteignons Thames, où nous retrouvons le couple d’amis avec lequel nous avions passé le Nouvel An.
La ville de Thames se caractérise par ses rues alignées aux allures de Far West, ses vieilles maisons en bois, et ses pubs datant du XIXe siècle. A cette époque, la ruée vers l’or et le commerce du kauri en ont fait l’une des principales villes de Nouvelle-Zélande. Au milieu du XIXe siècle, l’exploitation des mines situées dans les collines au nord de la ville a attiré de nombreux chercheurs d’or, jusqu’à l’épuisement des filons quelques années plus tard.
Un musée de la ville est dédié à l’exploitation minière, et au nord, la « Gold mine and Stamper Battery » offre un regard sur l’exploitation aurifère, au travers d’une exposition, de photographies, vidéos, et d’un tour dans les galeries de la mine.
Nous visitons ensemble les anciennes mines d'or (sauf Viviane, claustrophobe comme toujours, qui nous attend à l’extérieur).
Nous quittons nos amis et rentrons tous les quatre à Auckland pour 15h30.

Déchargement du van, rangements.
Loulou va rendre le camping-car à l’agence, enfin… ce qu’il en reste !
Nous retrouvons Manu et passons tous les cinq notre dernière soirée à la maison chez Loulou. Nous prenons un apéro à l’amer-bière.
Pas de trace de la miss et des enfants qui rentreront plus tard. Napoléon, lui, est toujours fidèle…
A la tombée de la nuit, nous allons faire une promenade sur la plage à Browns Bay, sous le ciel étoilé. Loulou est ému de notre départ. Il me propose un dernier joint…

Vendredi 17 janvier 1997

On passe la matinée à Browns Bay avec Loulou et Thierry.
Nous allons dans une agence de voyage pour réserver deux nuits d’hôtel à Hong-Kong. En effet, nous avons prévu là-bas une escale de 48 heures, mais sans songer à l’hébergement : arriver là-bas, même avec le Guide du Routard, en pleine nuit sans adresse risque d’être galère.
Très cher, le tarif des hôtels…
Après cela, nous allons acheter des timbres pour Serge et Caroline (ma fille !) dans un bureau de poste.
Comme par hasard, Caroline (l’autre) est partie plus tôt pour ne pas avoir à nous dire au revoir. Au fond, ça nous arrange.
Bilan de notre stage linguistique : entre Loulou, Manu et Thierry, nous avons plus entendu parler alsacien qu’anglais !
Loulou et Thierry nous emmènent à l'aéroport pour 12h45. Après l’enregistrement des bagages, nous prenons une collation sur place avec eux, puis on se dit adieu.

Et l’avion de la Cathay Pacific décolle à 16h15, pour le long voyage de retour (10h30 de vol).
A 21h45 (heure locale), nous atterrissons de nuit à Hong-Kong.
Nous récupérons nos bagages et prenons un taxi jusqu'à l’hôtel que nous avons réservé depuis Auckland, à Kowloon, où nous arrivons à 23h.

Samedi 18 janvier 1997

Le matin, nous allons prendre un breakfast dans une rue du centre, au Can Do restaurant. C’est un restaurant chinois aux allures de cafétéria américaine des années 50.
Ensuite, nous nous rendons au Star Ferry terminal de Kowloon pour prendre un ferry jusqu'à l'île de Hong-Kong. Il y a un départ toutes les cinq minutes. Moyen le plus agréable, le plus pratique, le plus économique pour passer de la presqu’île de Kowloon à l’île de Hong-Kong, le ferry vert et blanc à deux ponts fonctionne depuis plus de cent ans. Les sept minutes de traversée permettent de contempler un paysage unique : la fameuse baie de Hong-Kong avec en toile de fond les collines garnies d’immeubles. D’énormes cargos, d’élégantes jonques et de petits « wallas-wallas » traversent la baie en tous sens. Ce matin, les gratte-ciel de Victoria se détachent derrière une légère brume.


Arrivés sur l’île, nous nous dirigeons vers le terminal « Hong-Kong Macau Ferry Wharf » pour prendre un bateau jusqu’à Macao.
Contrôle des passeports, avec tampon de sortie du territoire.
A10h45 jusqu’à 11h45, trajet par mer en « jetfoil », (bateau propulsé par des moteurs Rolls Royce) jusqu'à Macao, colonie du PORTUGAL.

Situé sur la côte sud-est de la Chine à 65 kilomètres de Hong-Kong, le territoire de Macao (23 km²) comprend la presqu’île de Macao et deux îles, Taïpa et Coloane, reliées par des ponts.
En 1557, la presqu’île de Macao fut offerte par les Chinois aux Portugais comme récompense pour avoir éliminé une grande partie des pirates sillonnant la mer de Chine. Elle constitue la plus vieille implantation coloniale européenne en Asie, et a détenu pendant longtemps le monopole du commerce avec la Chine et le Japon.
Des milliers de réfugiés se sont établis sur cette enclave. 90% de la population est chinoise et personne ne doute que Canton et Pékin y ont actuellement bien plus d’influence que Lisbonne. La Chine reprendra officiellement le pouvoir le 31 décembre 1999, deux ans et demi après Hong-Kong.

Après les contrôles de la police des frontières (tampon sur les passeports), nous entrons en ville. Le drapeau portugais flotte sur les bâtiments officiels.
Les similitudes avec Hong-Kong sont nombreuses : situation géographique, politique, économique ; peuple d’immigrés « capitalistes » et dépendance du très puissant voisin rouge…
La monnaie locale est la pataca, mais le dollar de Hong-Kong est accepté partout. Nous n’allons donc pas procéder à une opération de change supplémentaire.
Nous faisons d’abord une balade en ville puis allons nous installer à la terrasse d’un restaurant sur le front de mer jusqu'à 14h30.
« Henri’s Galley », c’est le nom de ce restaurant conseillé par le Guide du Routard. Accueil chaleureux du patron. On choisit du poulet et des crevettes, arrosés d’une bouteille de « vinho verde », un vin portugais que nous connaissons (cf. 8 avril 1986). Mais auparavant, le patron dépose sur la table une carafe de sangria « qu’il faut finir ! ». On pense que c’est à la place du vinho verde, mais non ! Voilà donc pourquoi on va parcourir les rues de Macao dans un état second !

Nous visitons le temple de la déesse A-Ma.
















Construit sous la dynastie Ming, généralement considéré comme le plus ancien de Macao, avec ses inscriptions vieilles de six siècles, il était certainement déjà en place lorsque les premiers Portugais débarquèrent sur la péninsule.
C’est un ensemble de plusieurs autels et de bâtiments, reliés entre eux par des escaliers tout au long de la colline. Les abords des temples sont jalonnés d'inscriptions. 


Une pierre multicolore du bas-relief représente la jonque par laquelle est arrivée la divinité. 


D'immenses serpentins accrochés dans les plafonds se consument, embaumant les temples de parfums d'encens.
Un effet probable de la sangria : Viviane ressent une envie irrépressible. Ce sera derrière une pierre sous les bambous, dans un recoin des escaliers…

Nous nous promenons à pied dans les rues de Macao. « Après Hong-Kong, Macao fait presque figure de village, malgré ses quelques gratte-ciel. » Ça, c’est le GdR qui le dit. Il est vrai que c’est un délice de se perdre dans ses ruelles pleines de charme. Macao s’oppose à Hong-Kong, sa turbulente voisine, par le calme de ses petites rues, par le cachet portugais de ses balcons décorés de linge séchant au soleil et de plantes grimpantes, sans oublier ses églises baroques. On déambule au milieu de milliers d’échoppes et autels traditionnels.


Les rues grouillent de monde : des Chinois locaux, de Hong-Kong ou de Chine continentale, des touristes, avec des bicyclettes et triporteurs, des cyclopousses, des scooters, des voitures aux immatriculations portugaises. L'air est vibrant des appels de klaxons, des cris, des sirènes des bateaux.



On passe à côté d’un casino. Il est difficile de quitter Macao sans parler de ce qui en a fait sa légende: les casinos et tripots en tous genres. Les casinos ont perdu de leur éclat mais continuent d’assumer discrètement leur réputation d’enfer. On trouve à Macao neuf casinos ouverts jour et nuit où se jouent parfois des sommes folles, dans le bruit infernal des machines à sous, à la roulette, au baccarat, au blackjack, au poker. L'envers et l'endroit d'un présumé enfer…
C’est l’heure de repartir. On repasse les contrôles d’immigration. Nouvelle série de tampons sur les passeports, dans les deux territoires !
De 17h à 18h, trajet-retour en bateau jusqu’à Hong-Kong.
A Kowloon, nous allons manger au Can Do restaurant. A côté de nous, des Chinois avalent rapidement un bol de riz avec des baguettes.

Dimanche 19 janvier 1997

Après un petit déjeuner au Can Do, nous empruntons à nouveau le ferry pour nous rendre dans lîle de Hong-Kong.
On débarque à Victoria City. Défiant ceux de Kowloon où leur hauteur est limitée à cause de l’aéroport, les immeubles de Hong-Kong sont encore plus élevés, plus nombreux, plus modernes. Ils ont éliminé les vieilles maisons chinoises qui occupaient le site. Rapidement, un « Central District » à l’américaine a pris le relais.

Nous dirigeons nos pas à l’est, vers le quartier de Wanchai. On retrouve une foule sans cesse active, dans ce quartier populaire non loin de la baie, avec l’étalage vertigineux de ses petites échoppes : marchés aux poissons, boutiques d'artisans travaillant le métal ou pittoresques imprimeries vendant les traditionnelles invitations rouges que l'on distribue pour les mariages chinois. 


Cette population ne semble pas appartenir à la même génération que les robots standardisés à l’occidentale, dans leurs costumes, accrochés à leurs téléphones portables, que l’on aurait rencontrés à Central District, si l’on n’était dimanche.
Les bus colorés à deux étages  sillonnent le quartier.


Plus étrange, et plus à l’est encore … Causeway Bay.















Sampans et jonques affectés au déchargement des bateaux ancrés dans le port se serrent les uns contre les autres dans un abri anti-typhon, dans le dédale d’un véritable village flottant.
















Cet endroit est un peu le berceau de l’histoire de Hong-Kong. C’est là que s’installa le premier commerce britannique en 1840, lorsque ce territoire devint une colonie. Le long du front de mer se sont rapidement dressés les entrepôts des plus importantes compagnies commerciales de Hong-Kong.

Nous allons manger dans un restaurant, le Chung-Chuk Lau, spécialiste de la cuisine de Pékin sur l’île de Hong-Kong.
Les restaurants sont innombrables à Hong-Kong. Car les Chinois ne reçoivent pas chez eux, mais au restaurant. De plus les appartements sont tellement petits qu’ils préfèrent manger dehors une ou deux fois par jour.
La cuisine chinoise est une cuisine de pays surpeuplé et pauvre. Résultat, on mange tout : tête de poisson, serpent, chien, nid d’oiseau… En outre, tout est haché menu afin d’économiser le combustible.
Comme nous sommes dimanche, il y a beaucoup de monde au restaurant. Nous sommes installés au milieu de la pièce, point de mire des familles chinoises qui nous observent du coin de l’œil… La table ronde possède en son centre une plaque tournante qui permet de faire défiler les plats et de piocher suivant ses envies et son appétit. Pas de fourchettes : il faut se débrouiller avec les baguettes. Les Chinois s’amusent beaucoup…
Pour corser le tout, je demande par hasard s’il y a du vin. Le serveur me répond que oui. Et on le voit bientôt arriver avec une théière au bain-marie, avec des petits verres. En fait, il s’agit d’alcool de riz chaud. Je ne sais pas ce qu’a compris le serveur. En tout cas, à voir la tête que je fais, les Chinois pouffent carrément…
Finalement, je le boirai cet alcool de riz, petit verre après petit verre… Bien fait !

Sortant du restaurant, on repasse à Central District. Certains gratte-ciel battent des records mondiaux derrière ceux de New-York et Chicago. C’est le centre des affaires de Hong-Kong, le cœur du monde capitaliste rassemblé sur quelques hectares.



L’après-midi, nous rentrons à Kowloon, par le ferry.
Sur le front de mer, Salisbury Road, un mariage chinois sort d’un temple. Les mariés viennent faire la photo officielle sur la promenade en face de la baie de Hong-Kong. Très guindé, ce mariage. Aucune spontanéité. Le sourire figé des mariés fait peur…
C’est dimanche. Tous les commerces sont ouverts sur Nathan Road et Chatham Road. Nous entrons dans une boutique pour faire quelques emplettes. Viviane en sort avec une veste polaire et moi avec un blue-jean.
Après cela, nous rentrons à l’hôtel pour essayer de nous reposer.
La nuit venue, nous rejoignons l’aéroport en taxi. Et à 23h45, nous décollons pour la deuxième partie du long voyage de retour …      

Lundi 20 janvier 1997

...5h30 (heure française) : arrivée à Paris, après 12h45 de vol.

L’aéroport de Roissy est désert. Une pancarte manuscrite indique que le personnel est en grève. Dur retour à la réalité française ! On se démerde comme on peut…
Un étranger, qui a débarqué avec nous et qui ne parle pas un mot de français, a du mal à comprendre ce qui se passe.
Nous allons finir par choper une navette qui nous emmènera à une station de RER.
A 10h, nous arrivons à St-Maur-des-Fossés chez Pierre et Sylvie, où nous attend ma sœur Marie-Jeanne.


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