Mardi 14 juillet 1992
A 9h, départ en Trafic avec Viviane et Caroline (15
ans) depuis Strasbourg, en direction des états baltes (ex. U.R.S.S.). Nous
traversons l'ALLEMAGNE
par les autoroutes (Karlsruhe, Frankfurt-am-Main, Erfurt).
En cours de route, une fumée inquiétante s’échappe
du capot. Nous nous garons et faisons appel à un réparateur par un téléphone
d’autoroute. Explications aisées en allemand !…
Problème de durite.
Vers 20h, nous atteignons Leipzig, en Allemagne de l'Est.
Nous recherchons un camping que nous allons trouver
en bordure de la ville, l’Intercamping Auensee, en plein bois près d’un
lac. Un camping bondé qui fleure encore
l’ancienne époque communiste : promiscuité assurée…
Nous dormons dans le Trafic et Caroline sous tente,
ainsi qu'habituellement.
Mercredi 15 juillet 1992
Départ vers 10h.
Arrivée vers 12h30 à BERLIN, la capitale réunifiée.
Nous mangeons dans une pizzeria sur le
Kurfüstendamm, à Berlin-Ouest.
Berlin-Ouest
était un îlot du capitalisme ouest-allemand, longtemps enclavé dans la RDA , jusqu’à la chute du mur de Berlin le 9 novembre 1989.
« Ce jour là, le mur est pris d’assaut. Chacun
y va de son petit coup de pioche. Les policiers viennent avec les bulldozers,
les Allemands de l’Ouest apportent le champagne. Le monde entier est devant sa
télé. La frontière est enfin ouverte ! » Dans
la foulée, les flics de la
terrible Stasi rendent leurs armes…
Nous passons l’après-midi à Berlin dans les deux
parties de la ville (ouest et est) à pied.
Le Kurfüstendamm (Ku'damm pour les intimes)
est l’avenue la plus fréquentée de Berlin. Ancienne
chaussée de rondins que les princes électeurs empruntaient pour aller à la chasse. Bismarck
la transforma en artère de luxe.
Au bout de l’avenue, l’église commémorative de
Guillaume Ier, surnommée la « dent
creuse » par les Berlinois, sert aujourd’hui de hall commémoratif. Elle
est curieusement flanquée de la nouvelle église, une grande tour aux 20 000
blocs de verre bleu.
Nous nous dirigeons vers la place de la République et le
Reichstag. Le siège du parlement fut
partiellement détruit par le fameux incendie qui déclencha la chasse aux
communistes menée par Hitler, un mois après son accession au pouvoir.
La porte de Brandebourg, avec son célèbre
quadrige, longtemps symbole de la division allemande, s’élève entre les ruines
du mur et la Parizer Platz.
Lorsque je suis venu à Berlin-Est en 1985,
Du mur, il ne reste que quelques bribes ici ou là
qui ont été conservées en souvenir, avec des fragments de fresques et un
alignement de grillages. Mais le no man’s land s’étendant entre les deux Berlin
fait encore froid dans le dos.
Nous parcourons Unter den Linden, (le
boulevard « Sous les tilleuls »), la grande avenue berlinoise, avec
son enfilade de bâtiments historiques. Nous atteignons Alexanderplatz,
ancienne place historique de Berlin détruite pendant la dernière guerre et
transformée en une gigantesque esplanade. Je la reconnais, bien sûr ; mais
l’atmosphère n’est plus la même.
Nous revenons par Checkpoint Charlie,
l’ancien point de passage réservé aux visiteurs étrangers. Le fameux
poste-frontière n’existe plus. Sous un pan de mur encore debout, on a installé
un musée, « Am Checkpoint », consacré au mur et à son histoire.
Nous visitons le musée puis allons nous installer à
la terrasse d’un café, en face.
Comme nous avons beaucoup marché, Viviane et
Caroline sont fatiguées. Elles vont m’attendre là pendant que je retourne à
l’Ouest rechercher la
camionnette. Lorsque je suis revenu, le beau et grand verre
dans lequel on m’a servi la bière attise la convoitise de Viviane, car elle
collectionne les verres à bière. Elle souffle à Caroline, censée parler
allemand, d’aller demander au serveur si on peut l’emporter. Caroline se
dégonfle. Viviane lui annonce qu’elle va le piquer. « T’es pas
chiche ! » Alors Viviane se saisit subrepticement du verre, l’engouffre
dans son sac, malgré mon avis désapprobateur. Evidemment, on ne traîne pas et
on rejoint rapidement le Trafic.
Nous quittons Berlin et roulons en direction de la Pologne.
Nous nous arrêtons dans la nature vers 20h, en
lisière d’un bois. Nous commençons à nous installer et à boire l’apéritif.
Mais il y a des chasseurs dans le coin. Ils viennent nous faire comprendre
qu’on les gêne. On remballe tout et on s’installe un peu plus loin en bordure
d'un champ. Nous dormons tous les trois dans le Trafic, au cas où…
A l’intérieur, un échafaudage escamotable primaire
que j’avais fabriqué me permet de dormir à l’étage sous le plafond alors que
Viviane et Caroline dorment en bas. Un peu juste : je dispose de cinquante
centimètres de hauteur !
Jeudi 16 juillet 1992
Nous partons à 9h30 pour nous diriger vers la
ville-frontière de Frankfurt-an-der-Oder (Francfort-sur-l’Oder). Nous
franchissons l’Oder et, vers 11h30, nous arrivons en POLOGNE.
Nous allons traverser le pays d’ouest en est,
passant à Poznań.
La première chose que nous remarquons sur les routes
polonaises, c’est l’évolution du parc automobile. Les petites voitures des pays
de l’Est, omniprésentes lorsque nous sommes venus l’an dernier, cèdent peu à
peu le pas aux voitures occidentales.
Les magasins aussi : différence visible. Ils
sont bien achalandés, se rapprochant des standards européens. Cela ne veut pas
dire que les Polonais puissent suivre, avec une inflation galopante. Difficile
apprentissage de l’économie de marché !
Nous nous arrêtons à 19h30 dans la nature, 90 kilomètres avant
Varsovie. Nous sortons les chaises et la table de camping pour manger à
l’extérieur. Soirée agréable dans la douceur de l’été.
Vendredi 17 juillet 1992
Au matin, après le petit déjeuner, c’est l’exercice
de toilette habituel. Caroline se lave sous un arbre, avec une bassine d’eau
sur la table de camping.
Nous arrivons à 11h30 à VARSOVIE.
Nous faisons une balade au centre-ville : place
du Château, place de la Vieille Ville.
Nous retournons au Senator, un restaurant où nous avions
déjà mangé l’an dernier. Il nous semble que l’accueil est moins chaleureux.
Dans l’après-midi, nous arpentons la Voie royale
puis rejoignons le jardin Saski. L’abominable « Monument à la
mémoire des victimes de la lutte pour la défense du pouvoir populaire en
Pologne » a disparu, dégageant la perspective entre le palais Lubomirski et
le jardin Saski.
Nous quittons Varsovie à 16h et faisons route vers
le nord-est de la
Pologne. Nous nous arrêtons en soirée, non loin de Grajewo
(voïvodie de Łomża),
dans la région de Podlachie. Nous nous installons en forêt, peu après les
dernières maisons d’un village, à l’abri d’une haie.
Samedi 18 juillet 1992
Nous démarrons à 9h30, vers la pointe nord-est de la Pologne , passant à
Augustów et Suwałki. Nous faisons le plein d’essence, car après on ne sait pas
trop ce qu’on va trouver…
Nous nous dirigeons vers la frontière lituanienne,
d’après la route directe indiquée par notre carte. Après le village de
Szypliszki, nous suivons une petite route de campagne. Curieux ! Aucune
indication de frontière. Des paysans dans les champs nous font des signes de la
main semblant nous dire que ce n’est pas la bonne direction.
La route s’arrête à la lisière d’une forêt. Une
guérite en bois et deux gardes-frontière. Juste derrière, une barrière
interdisant le passage vers un chemin de forêt. On est à la frontière de
l’ancienne U.R.S.S. Les deux jeunes militaires ont l’air étonné de nous trouver
là. On explique tant bien que mal que nous allons en Lituanie. Ils nous font
comprendre qu’il faut rebrousser chemin et que le poste-frontière se situe à 40 km plus à l’est.
Nous arrivons à 11h40 à Ogrotniki.
Depuis la
dissolution de l’URSS, c’est le nouveau point de passage, et le seul, entre la Pologne et la Lituanie. Les Polonais ,
craignant une invasion de Soviétiques depuis l’ouverture récente des
frontières, n’ont pas voulu ouvrir plusieurs points de passage.
Il va maintenant nous falloir être patients. Une
file d’attente de camions et de voitures individuelles s’allonge sur plusieurs
kilomètres.
C’est la zone ! Des gens font du stop pour
passer la frontière en voiture. Mais on nous a fortement déconseillé de charger
qui que ce soit. Devant nous, un jeune, immatriculé en Italie, semble rentrer
au pays. Il accepte d’emmener quelqu’un avec lui.
On avance au compte-goutte, par vagues. J’aurai
largement le temps d’arpenter plusieurs fois à pied la file interminable des
véhicules du début à la fin.
Un camion devant nous porte une plaque internationale que je
ne connais pas : « LV ». Je pose la question au chauffeur
(enfin, j’essaie de me faire comprendre !...) Il me répond
« Latvia », c’est-à-dire Lettonie. Merci !
Devant le poste-frontière, les gens attendent
tranquillement, désabusés. Ce sont essentiellement des locaux qui semblent
avoir l’habitude. Des baraquements provisoires ont été construits.
Nous allons patienter toute l'après-midi jusqu'au
soir.
Nous passons d’abord la douane polonaise. Lorsque
nous atteignons après plus de neuf heures d’attente le poste-frontière
lituanien, les formalités elles-mêmes sont rapides. Je présente nos
passeports et les visas, valables pour les trois pays baltes. On nous souhaite
la bienvenue en LITUANIE.
Par contre, le jeune qui nous précédait, avec son passager, a été prié de se
garer sur le bas-côté.
Annexée en 1940 par l’Union soviétique, la Lituanie est occupée par
l’Allemagne de 1941 à 1944 puis devient une république socialiste soviétique.
Le 11 Mars
1990, la Lituanie
proclame son indépendance qui sera reconnue le 6 septembre 1991 par l'URSS. Elle devient la République de Lituanie.
La nuit tombe après le passage en Lituanie. Il est
21h.
On cherche un endroit pour passer la nuit. Nous
roulons jusqu’à Lazdijaï. Nous nous garons en bord de route, non loin du village.
Après cette journée éprouvante, nous ne nous attardons pas. Nous mangeons et
dormons tous les trois dans la camionnette. On verra bien demain…
Dimanche 19 juillet 1992
« Clip clop clipiclop…. » Le trot d’un
cheval sur la chaussée nous tire de notre sommeil. Deux paysannes passent sur
une charrette tirée par un cheval.
Après avoir pris le petit déjeuner dans le fourgon,
nous nous mettons en route vers 10h (heure locale). Avec pour tout guide un
livre en anglais « The baltic states », pratiquement inutilisable, et
pour carte, les pages du guide, c’est-à-dire trois cartes de 17cm sur dix pour
chacun des trois pays baltes. Autrement dit, on n’a pas intérêt à se
perdre !
Partie de la grande plaine d’Europe du
Nord, la majeure partie du territoire, située dans
le bassin du Niémen, ne dépasse pas 250 m d’altitude, ponctuée de
lacs, étangs et collines.
Nous nous dirigeons vers Alytus. En cours de route,
nous sommes intrigués par d’immenses têtes de soldats soviétiques taillées
dans la roche à la lisière d’une forêt.
Elles semblent surveiller l’envahisseur. Je me place à côté des sculptures : les têtes sont plus hautes que moi.
Nous poursuivons dans la campagne. Beaucoup
de maisons sont en bois coloré, rappelant, seulement sous cet aspect, la Scandinavie.
Partout, les panneaux d’indications routières ont
été grossièrement retouchés. Toutes les indications en alphabet cyrillique sont
effacées, recouvertes par un trait de peinture. Volonté très visible et
symbolique de couper les ponts avec le passé. Seules subsistent les
indications en caractères latins.
Le lituanien
est l’une des deux seules langues avec le letton, qui subsiste de la famille
balte du groupe des langues indo-européennes. C’est la langue officielle de la
république de Lituanie.
Nous faisons une halte dans la ville de Kaunas. Nous allons nous balader à pied
dans les rues. En ce dimanche, la ville est morte. Quelques personnes se
promènent. Il nous est encore difficile de nous rendre compte de ce qu’est la
vie en Lituanie.
Kaunas, deuxième ville du pays, se trouve au
confluent du Niémen et de la
Neris. Elle fut fondée au XIIIe siècle et
fut la première ville fortifiée. A partir du XVe siècle, Kaunas
devint une ville marchande importante avec son port fluvial. Entre 1920 et
1940, elle fut la capitale provisoire de Lituanie.
La vieille ville de Kaunas séduit par ses tours
médiévales et l’Hôtel de Ville de style baroque. Quelques bâtiments, originaux
et bien conservés, se distinguent dans la vieille ville comme l’église de
Vytautas. La Lituanie est
majoritairement de culture catholique.
La maison de Perkunas est une ancienne maison de
négociants, construite à la fin du XVe siècle. Les monuments de
style gothique et baroque fleurissent. De belles enseignes en fer forgé
embellissent les façades.
Tous les magasins sont fermés. Et de toute façon,
nous n’avons que des devises. La monnaie est
encore ici le rouble soviétique.
Nous quittons Kaunas. Peu après, nous nous arrêtons
dans la nature pour manger. Il fait beau, mais de gros taons des boeufs peu
sympathiques sont à l’affût.
L’après-midi, nous faisons route vers le nord de la Lituanie.
Ça et là, on aperçoit des kolkhozes, grandes coopératives
d'exploitation collective qui recevaient leurs terres de l'Etat, propriétaire
du sol.
Première
république soviétique à avoir cherché à s’affranchir des liens avec l’URSS, la Lituanie a
particulièrement souffert des bouleversements économiques consécutifs à la
proclamation de son indépendance et à l’effondrement du bloc de l’Est.
Nous atteignons dans la soirée Joniškis. A 19h30,
nous apercevons un étang. Il reste quelques pêcheurs qui ne vont pas tarder à
quitter les lieux. Nous nous installons au bord de l’étang et nous montons la
tente pour Caroline. Belle et douce soirée…
Lundi 20 juillet 1992
Nous quittons les lieux à 9h30.
La petite route de campagne atteint des baraquements
en bois, plantés au milieu de la route. C’est la frontière entre la Lituanie et la Lettonie.
Après notre expérience de samedi pour entrer en
Lituanie, nous étions tout de même un peu inquiets. Rien de tel ici. Vraiment
curieux ! Auparavant, du temps de
l’URSS, il n’y avait pas de frontière entre les républiques.
Frontière d’opérette établie depuis l’indépendance
des pays baltes, la circulation y est pratiquement inexistante. Nous stoppons à la première guérite.
On va passer d’une guérite à l’autre, parce que…il faut bien faire un peu
sérieux. De jeunes soldats du contingent, un peu intrigués et amusés apposent
benoîtement un vague tampon d’entrée sur nos passeports. A sa demande, Caroline
en a droit à un plus beau que nous !
Nous entrons en LETTONIE.
L’indépendance est proclamée le 4 mai 1990, reconnue par l’URSS le 6
septembre 1991. Elle devient la République de Lettonie.
Les distances sont courtes, dans les pays baltes.
La circulation est rare. On croise des voitures soviétiques
ahanantes : Zaporozets, voiture de bas de gamme ; Moskvitch, un peu
moins basique ; Jiguli, voiture standard ; et Volga, qui montrait
qu'on avait réussi. On traverse de vastes étendues de pins, de bouleaux, de
chênes et d'aulnes. Pas de relief. Le
point culminant du pays est à 312 mètres d'altitude.
On longe des lacs dont les rives font le bonheur des
loutres et d'innombrables cigognes. Des épouvantails en tissu multicolore
peuplent les champs. Les prairies sont parsemées de meules à l'ancienne, en
forme d’igloos.
En cours de route, nous tombons en panne d’essence.
Nous remplissons le réservoir avec notre jerrican de réserve. Maintenant, il
nous faut trouver une station pour faire le plein. C’est loin d’être évident. A
l’écart de la route, nous trouvons une antique station. Il faut actionner une
roue manuellement pour faire couler l’essence, à un taux d’octane très bas,
destiné au parc automobile local.
Nous arrivons à RĪGA, la capitale, vers 11h.
La capitale de la Lettonie s’étend sur les
rives de la Daugava ,
non loin de son embouchure dans le golfe de Rīga
sur la mer Baltique.
Traversant la Daugava , nous visitons la ville, et notamment le
vieux Rīga.
Le vieux Rīga
compte de nombreux monuments historiques et architecturaux, dispersés dans un
labyrinthe de rues qui n’a pas changé depuis le XIIIe siècle. Rues
étroites qui rappellent l’atmosphère du Moyen Age. Disproportions, ruptures de
lignes. C’est le cas des Trois frères, trois maisons d’habitation en pierre aux façades
étroites, datant du XVe siècle.
Les façades principales s’ouvrent souvent sur une
petite cour.
Nous parcourons le marché aux fleurs,
imposante forêt de parasols abritant des centaines de stands.
Le
cœur de Rīga est sa gare routière, à deux pas de la vieille ville, entre une
voie de chemin de fer et la
Daugava , fleuve qu'empruntèrent déjà les Vikings. Les bus de l'ère soviétique
ont une carrosserie ronde, une étonnante couleur safran et des banquettes
écornées.
Nous cherchons à changer de l’argent. On trouve des
points de change mobiles partout en ville. Nous faisons la queue à l’un de ces
guichets. Derrière nous, une dame qui nous entend parler français s’adresse à
nous. Elle est interprète. Ça tombe bien, elle va pouvoir nous expliquer ce qui
se passe. Aujourd’hui la Lettonie change sa monnaie, passant du rouble
soviétique au rouble letton. Nous présentons nos devises, on nous demande si
nous allons ensuite en Russie pour savoir quelle monnaie nous donner.
La dame ensuite nous explique les problèmes de
citoyenneté actuels entre les populations russophone et lettone. Elle-même est
russe.
À l’époque
bénie de l’URSS, la vie était plus facile pour un russophone en Lettonie. En
effet, les Russes bénéficiaient de tous les avantages d’une majorité
fonctionnelle qui n’a pas besoin d’être bilingue et ils détenaient les clés de
la domination économique, sociale, culturelle, etc.
Évidemment, la Constitution de la Lettonie soviétique a
volé en éclats au moment de l’indépendance, et ce, d’autant plus que ce même
texte avait été adopté dans les mêmes termes par presque toutes les anciennes
républiques de l’URSS. Il s’agissait d’une «égalité forcée» destinée à
avantager tous les Russes de toutes les républiques soviétiques.
Actuellement,
certaines mesures comme la loi sur les langues paraissent radicales, destinées
à «lettoniser» en particulier les russophones, provoquant leur inquiétude. Alors
que les Baltes parlant le letton ne comptent que pour 53 %, les Russes représentent
un tiers de la population.
Les religions
principales sont les églises luthérienne, catholique et orthodoxe. La plupart
des Lettons sont des protestants luthériens, tandis que la majorité des Russes
sont orthodoxes.
La dame nous quitte après nous avoir donné quelques
indications. Nous nous enfonçons dans des rues charmantes dont les façades sont
peintes en couleurs pastel.
Nous allons à la Poste acheter des timbres pour Caroline et Serge,
comme à chacun de nos voyages à l’étranger.
A midi, nous mangeons dans un restaurant pour une
somme dérisoire par rapport à notre niveau de vie occidental.
Nous passons l’après-midi à Rīga. Nous envisageons
de visiter un musée. Mais il est fermé. S’adressant à nous en anglais, une
passante propose de nous le faire visiter quand même. Elle travaille au musée
et en possède les clefs. Nous pénétrons à l’intérieur et parcourons les
couloirs assez rapidement, essayant de saisir quelques bribes de ses
explications en anglais. Le but de la dame est surtout de pouvoir parler à des
étrangers. Elle nous fait visiter la ville, nous menant dans les principaux
lieux de la résistance juste avant l’indépendance.
En janvier
1991, les forces soviétiques investissent Rīga. Le 13 janvier, une manifestation à Rīga réunit 500 000 personnes. Les
barricades (beaucoup de machines agricoles) dans la vieille ville et autour des
ministères affirment clairement la volonté de se défendre.
L’attaque du
Ministère de l'Intérieur dont le ministre est à Moscou et le massacre par les unités spéciales sont
retransmis en direct dans toutes les télévisions du monde : 6 morts et 10
blessés. Le sang froid de la population permet de ne pas céder à
la provocation, qui devait servir de prétexte à l'intervention des troupes de
l'Armée Rouge.
La dame nous demande de nous charger d’un colis pour
la France. En
effet, toutes les liaisons postales passent encore par Moscou, et le courrier
met un temps fou à parvenir à l’extérieur. Nous nous en rendrons compte nous
aussi. Des cartes postales que nous envoyons en France depuis les pays baltes
mettront un mois pour arriver à leurs destinataires…
Le colis est donc confectionné, après des achats
dans un magasin. La dame offre un petit bracelet à Caroline. Nous nous
chargeons du colis que nous expédierons à Paris dès notre retour en France.
Echange d’adresses. Nous disons au revoir à notre hôtesse à 18h30.
Quittant la ville, nous nous égarons dans une
banlieue. Nous avons besoin de faire quelques courses. Nous entrons dans un
grand magasin. Vraiment dépaysant pour
des Occidentaux.
Une grande salle avec des rayonnages au mur
désespérément vides. Caroline n’en croit pas ses yeux ! Un poulet par ci,
une motte de beurre par là, quelques légumes, des bouteilles au contenu
incertain dans des cagettes au sol…
Lorsque nous arrivons à la caisse, pas de
calculatrice mais un boulier. Une vitesse prodigieuse de manipulation. La
caissière s’amuse de notre air interloqué. Elle a été plus rapide avec le
boulier qu’avec une caisse enregistreuse. En prime, lorsque nous payons, elle n’a
pas de quoi nous rendre la monnaie. L’appoint se fera donc avec des boîtes
d’allumettes !
Nous nous dirigeons vers le nord de la Lettonie , longeant le
golfe de Rīga. Nous cherchons à nous arrêter pour la nuit. Les campings sont
pratiquement inexistants en Lettonie. A 20h, nous apercevons tout de même une
indication de camping. Nous stoppons à une guérite d’entrée. On paye une
redevance pour y pénétrer. En fait, il s’agit tout simplement d’un grand pré
avec un seul point d’eau sous la forme d’un robinet et un WC rudimentaire en
bois un peu à l’écart. Quelques tentes de vacanciers locaux. On ne passe pas
inaperçus avec notre plaque « F ».
Il fait beau. On installe notre campement et on
mange dehors sur la table de camping. Le soleil se couche sur la mer Baltique ,
romantique à souhait.
Viviane ne voudra jamais utiliser le WC, vu l’état
douteux de propreté. Le bosquet plus loin sera plus hygiénique…
Nous nous promenons au bord de la mer, à la tombée
du jour. Malgré la beauté du paysage, surtout ne pas toucher l’eau. Poubelle
de l’URSS, la mer
Baltique au large des pays baltes est une des plus polluées
qui soient.
Mardi 21 juillet 1992
Après une toilette sommaire et le petit déjeuner, nous reprenons la route.
Dans la matinée, nous atteignons Ainaž. C’est la frontière de l’ESTONIE.
Même genre de point de passage campagnard que pour l’entrée en Lettonie.
Le 6 août 1940, l 'Estonie est incorporée à l'URSS sous le nom de République socialiste soviétique d’Estonie. Occupée par l'Allemagne nazie de 1941 à 1944, elle repasse dans le giron soviétique.
Le 20 août 1991,la République d’Estonie rétablit son indépendance, reconnue le 6 septembre par l’URSS.
Le 20 août 1991,
De suite, nous sommes frappés par la différence linguistique avec les deux précédents pays. On a l’impression d’être en Hongrie ou en Finlande. Les pays linguistiquement baltes sont uniquement la Lettonie et la Lituanie , l'estonien étant une langue finno-ougrienne. On divise généralement le groupe finno-ougrien en deux branches : d'une part, les langues finnoises (le finnois parlé en Finlande, l'estonien parlé en Estonie et le lapon parlé dans la partie arctique de la Scandinavie ); d'autre part, les langues ougriennes, avec le hongrois.
Nous remontons la mer Baltique , le long du golfe de Rīga, jusqu’à Pärnu. Puis nous pénétrons dans les terres, traversons le pays jusqu’au golfe de Finlande, sur la côte nord.
L'Estonie est un pays de plaines basses et de collines, parsemé de nombreux lacs et cours d'eau. Maisons en bois et petits moulins. L'altitude moyenne est d'environ 50 mètres, le point culminant du pays n'atteignant que 318 mètres. Les marécages recouvrent plus de 25% du territoire.
L'Estonie est un pays de plaines basses et de collines, parsemé de nombreux lacs et cours d'eau. Maisons en bois et petits moulins. L'altitude moyenne est d'environ 50 mètres, le point culminant du pays n'atteignant que 318 mètres. Les marécages recouvrent plus de 25% du territoire.
Nous atteignons TALLINN, la capitale, dans l'après-midi. A l’entrée de la ville, une station ultramoderne où l’on trouve de l’essence sans plomb. On peut payer en devises.
Nous sommes au point le plus au nord de notre voyage : 59°26’de latitude nord.
Tallinn comporte un fort taux de ressortissants étrangers. Le russe est parlé comme langue maternelle par un tiers de la population.
Cela est principalement dû à l'immigration organisée par l'URSS pendant la période soviétique (1944-1991). Ainsi, de nombreux citoyens soviétiques, pour la plupart des Russes, immigrèrent en Estonie. Cependant, le fait de résider à Tallinn ne leur permet pas, ni à leur descendants, d'accéder à la citoyenneté estonienne.
Nous visitons la vieille ville, les remparts, la cathédrale orthodoxe...
La vieille ville de Tallinn constitue l'un des témoignages les plus complets sur l'architecture médiévale. Entourée de remparts (XIVe – XVIe siècles), la cité prospère a été un poste-clef de la Ligue hanséatique : en 1219, les Danois envahissent la ville et y bâtissent un fort en pierre. A cette époque, la ville, membre de la Hanse , est à l'apogée de son histoire commerciale.
Principal port du pays, la plus nordique des capitales baltes préserve à merveille son passé de cité médiévale commerciale. Maisons colorées, ruelles tortueuses et nombreux édifices datant du Moyen Age : haute ville, édifiée sur le plateau calcaire de Toompea, et basse ville qui s'étire vers le port.
La cathédrale orthodoxe Alexandre Nevsky fut érigée en 1900. Le clocher de la cathédrale comporte le plus grand ensemble de cloches de Tallinn dont la plus grande pèse 15 tonnes. On peut les entendre carillonner avant chaque service religieux.
La religion principale de l’Estonie est le protestantisme luthérien. L’église orthodoxe, par la présence russe, est incontournable.
Un passe-muraille sur le mur d’une maison rappelle que Marcel Aymé est connu et apprécié en Estonie.
Comparativement aux deux autres pays, l’Estonie semble plus ouverte vers l’extérieur. La proximité de la Finlande se fait sentir. La distance de Tallinn à Helsinki par la mer n'est que de 85 km alors qu'il faut 307 km pour aller à Rīga. Déjà du temps de l’URSS, on pouvait se rendre relativement facilement à Helsinki par bateau.
La ville est bien plus touristique que Rīga. D’ailleurs les commerçants parlent facilement l’anglais, langue inconnue en Lituanie et en Lettonie. L’atmosphère s’en ressent.
Nous changeons de l’argent, pour obtenir des couronnes estoniennes. La grande place de la basse ville est envahie de terrasses de cafés. Nous nous y installons pour boire un pot au soleil. On en profite pour aller acheter des timbres à la Poste.
Dans la soirée, nous quittons Tallinn et roulons vers l'est. On emprunte la Via Baltica , à travers une région de forêts, de plages de sable blanc, de falaises et de marécages.
En cours de route, je suis arrêté par la police. J ’ai omis de réduire ma vitesse à 70 km/heure à l’approche d’une intersection, comme il est de règle sur les routes estoniennes. Après quelques tentatives d’explications, je dois payer une amende au taux le plus élevé sur une échelle de trois. Mais vu le cours de la couronne, c’est vraiment peu onéreux pour un occidental ! Les policiers me laissent jeter un coup d’œil dans leurs jumelles qui indiquent la vitesse du véhicule visé. Allez, au revoir et merci !
Nous cherchons un endroit pour passer la nuit. Les seuls campings sont en fait des camps de bungalows. Ce n’est pas ce que nous cherchons.
A 20h45, nous nous arrêtons dans la clairière d'une forêt du parc national de Lahemaa.
Les habitations dans le parc sont rares, car cette région était autrefois un terrain militaire complètement interdit d’accès, et par le fait la nature s’en retrouve parfaitement préservée.
Nous établissons le campement : tente pour Caroline, table et chaises de camping dans la nature exubérante. Très longue soirée d’été. Quand nous nous couchons vers 23h, il fait encore jour.
Mercredi 22 juillet 1992
Au matin, le soleil se lève dans la forêt sur les bouleaux, les conifères et les épilobes en fleurs. Féerique !
Nous faisons route vers l’est jusqu’à Kohtla-Järve. Nous ne sommes plus ici qu’à une cinquantaine de kilomètres de la frontière russe et à 200 km de Saint-Pétersbourg. Nous bifurquons maintenant vers le sud par des petites routes de campagne et de forêt. Nous longeons le lac Peipsi, frontière avec la Russie.
Nous atteignons dans l’après-midi Tartu.
Ville universitaire, Tartu est la plus ancienne ville des pays baltes. Parmi les monuments du Moyen Age, la basilique Saint-Jean est la seule église d’Europe du nord décorée de sculptures en terre cuite. Dans le centre-ville, il y a bon nombre de bâtiments de style classique des XVIIIe - XIXe siècles : hôtel de ville, cathédrale.
Il fait très chaud : après avoir parcouru le centre-ville et un grand parc, nous nous rafraîchissons avec de délicieux jus de fruits.
Puis nous poursuivons notre trajet vers le sud-est, comptant nous rapprocher de la frontière lettonne. Nous traversons Võru, à l'extrême sud-est du pays. Perdus quelque part entre la Russie et la Lettonie , nous recherchons en vain une frontière. La carte que nous possédons est tout à fait insuffisante pour nous indiquer une route. Nous parcourons des pistes forestières non bitumées, soulevant derrière nous des nuages de poussière, traversant des villages perdus dans la forêt. Des panneaux routiers, un peu surréalistes, indiquent : « attention, lupu » (loups).
La forêt estonienne couvre 40% du territoire. Des espèces très variées y vivent, telles le loup, l’élan, le daim, le lynx.
Nous allons rouler jusqu’à 21h. On renonce à continuer pour ce soir. Nous passons la nuit dans une forêt, non loin d’une ferme dont on entend aboyer les chiens. Quand elle se couche sous la tente, Caroline est vaguement inquiète. « Papa, il y a vraiment des loups ? - Oui, mais ne t’inquiète pas, ils ne s’approchent pas des habitations… »
Jeudi 23 juillet 1992
Au matin, des aboiements nous tirent de notre sommeil. Un gros chien-loup tourne autour de la tente. Il accompagne deux paysannes qui passent sur le chemin avec quelques moutons qu’elles emmènent à la pâture. Elles nous font un petit signe et paraissent intriguées de notre présence ici en plein bois. De plus la plaque « F » n’est pas vraiment répandue dans la région.
Nous préparons le petit déjeuner dans la voiture. Quand les deux femmes repassent, le chien nous ignore superbement…
Finalement, nous passons la frontière dans la matinée à Valga. Ce n’est pas ce que nous avions prévu, mais l’essentiel est quand même de passer.
Nous traversons la Lettonie du nord au sud puis nous passons en LITUANIE dans la soirée.
On rencontre d’innombrables nids de cigognes, notamment sur les poteaux électriques.
Nous arrivons à VILNIUS, la capitale, vers 18h.
Cette ville se situe dans une région de collines boisées et de ravins. Elle est au confluent des rivières Néris et Vilnia dont elle occupe les terrasses communes.
Nous nous retrouvons sur la place de la cathédrale, place centrale rendue célèbre par la télévision.
En janvier 1991, comme à Rīga, les chars soviétiques investissent Vilnius et attaquent le Parlement. Landsbergis, président du Conseil suprême, appelle la population à le défendre. Les Soviétiques prennent le Département de la Défense , l’imprimerie, les bâtiments de la police, l’immeuble de la télévision.
A l’emplacement de la cathédrale gothique qui se trouvait dans le Château du Bas, s’élève aujourd’hui un édifice de style classique, l’un des plus beaux de la ville avec son imposant portique et sa colonnade dont l’architecture évoque un temple grec.
Séparé de la cathédrale, un clocher inhabituel, la tour de l’Horloge, rappelle le tracé de la douve qui entourait la place jusqu’au XIXe siècle et la destruction du château bas par les Russes.
A l’ouest de la place, s’étire la perspective Gedimino , l’artère centrale de la ville, que nous parcourons. Nous nous promenons ensuite dans les vieilles rues du centre. D’antiques trolleybus desservent la ville.
D'un point de vue architectural, le centre-ville de Vilnius est particulièrement bien conservé, notamment le quartier des ambassades avec ses façades typiques des pays du Nord de l'Europe, plutôt colorées et, souvent, largement sculptées. La ville est dominée par un superbe château en briques aisément visible car situé sur une colline.
La périphérie de la ville, par contre, ne brille pas par ses qualités architecturales. Elle conserve l'empreinte des tours d'habitation de béton gris de l'époque soviétique et est par conséquent assez mal intégrée au paysage verdoyant des campagnes environnantes. Néanmoins, il existe toujours des maisons traditionnelles entre deux barres. Basses et en bois, elles gardent souvent leur aspect originel par faute de moyens de leur propriétaire.
Nous entrons dans un bureau de change. Provenant d’Estonie, nous n’avons plus d’argent local. Nous échangeons des deutschemarks contre des roubles soviétiques : un minimum pour passer la soirée à Vilnius. « Une si forte devise pour un si petit montant ! » s’exclame l’employé.
Nous buvons un pot sur une place puis nous allons dîner dans un restaurant. Viviane commande du caviar. Vu le prix extrêmement bas, autant en profiter. Nous nous en sortons pour l’équivalent de vingt francs.
Nous prenons notre temps. Nous quittons Vilnius à 22h.
Nous roulons de nuit et sommes de retour à la frontière de Lazdijaï à 1h30. Et là, c’est l’enfer !...
Vendredi 24 juillet 1992
… Nous avions prévu d’arriver à la frontière tard dans la nuit, espérant à cette heure-là passer plus rapidement qu’à l’arrivée. Las ! Une interminable enfilade de véhicules s’étend sur plusieurs kilomètres avant la frontière. Nous sommes arrêtés toute la nuit, sans avancer d’un pouce. Nous apprendrons que de toute façon la frontière était fermée pendant la nuit. On essaie tant bien que mal de dormir un peu sur nos sièges. Pas possible.
Au lever du jour, quelqu’un frappe à la vitre. C’est un Français. Il paraît que les gens en transit peuvent passer. Donc, il double toute la queue. On ne sait pas ce qu’il est devenu et s’il a pu passer.
Nous allons être bloqués à la frontière pendant toute la journée... On avance de deux cent mètres toutes les deux heures à peu près. A un moment donné, me rappelant ce que nous a dit le Français ce matin, et sur l’insistance de Viviane et Caroline, je me décide à passer en force et doubler cinq cent mètres de file.
Blocage à une première barricade. Je présente nos passeports. Le cerbère de service s’éloigne avec. Il nous les rend un peu plus tard et nous fait signe d’attendre. C’est tout. Plus personne ne s’occupe de nous. Vers 13h, changement de brigade. Je réessaye encore de présenter nos passeports. Rien d’autre ne se passe. Bien ! Il va donc falloir se réintroduire dans la file. Oui , mais…les gens que nous avons doublés ne vont pas être d’accord. Des Belges flamands à qui nous avions offert du café auparavant nous proposent de nous laisser passer devant eux lorsque la file avancera. Ce que nous faisons. Mais, derrière, ça commence à râler, évidemment. Les routiers s’interposent. Alors le Belge ouvre son coffre, sort des verres et une bouteille de vodka. Et tout s’arrange miraculeusement sur le capot de la voiture. La vodka, remède magique…
On passe le temps comme on peut. Les Belges, qui sont d’origine balte et qui ont profité de l’ouverture des frontières pour visiter leur famille, nous racontent des histoires de bandits russes qui détroussent les touristes la nuit. Rétrospectivement , on a un petit frisson.
De temps en temps, on aperçoit des gens qui s’éloignent à pied à travers champs vers les baraquements de la frontière. Lorsqu’ils reviennent, ils peuvent passer avant les autres. Bakchich ?
Toute la zone frontalière est désertique, avec seulement un petit lac et un petit bois non loin de là. Aucune structure d’accueil ou d’hébergement. Pas de possibilité de téléphoner. Seuls des baraquements provisoires sont plantés ici et là. Heureusement, le ciel est couvert aujourd’hui, rendant l’attente plus supportable. Parce qu’en plein soleil…
On apprend d’ailleurs qu’une dame âgée a fait un malaise. Mais comme on est coupé du monde, personne n’est intervenu.
Les heures passent… On arpente les trois files d’attente (voitures, camions et autobus locaux).
En ce qui concerne les autocars de touristes, en voyages organisés, (encore assez rares, il est vrai) ceux-ci passent devant tout le monde. Par contre, pour les bus locaux, certains sont là depuis trois jours !
Caroline nous demande si elle peut aller se promener. On est d’accord, à condition qu’elle revienne lorsque la file avance. Vers 21h, alors que nous allons enfin passer le premier barrage de contrôle lituanien, Caroline n’est pas là ! J’arpente toute la file de véhicules derrière nous, je fais le tour du lac et de la petite forêt, peu rassuré -car c’est vraiment la zone- et Caroline n’a que 15 ans ! Finalement, on la voit arriver tranquillement entre deux jeunes russes (ou lituaniens ?). En fait, elle était à 200 mètres derrière le Trafic et nous avait toujours à portée de vue. Donc pas de problème en ce qui la concernait. Voyant tout de même notre inquiétude, les garçons se confondent en excuse : « excuse me, sir, but… ».
On arrive enfin à la douane lituanienne. On comprend un peu mieux pourquoi le passage de la frontière est si long. Devant nous, des passeurs de cuivre sont arrêtés. Au lieu de les faire garer sur le bas-côté, on leur fait vider la voiture sur place. Lentement, très lentement…
Samedi 25 juillet 1992
… Et ce n’est pas fini. On va encore passer toute la nuit dans le no man’s land entre les postes-frontières lituanien et polonais. Evidemment, on ne dort pas. Dans les bus, on entend de la guitare. Ils ont le moral. Les camions qui nous entourent mettent régulièrement leur moteur en route, pour chauffer la cabine. Nous, on est juste sous les tuyaux d’échappement !
Enfin, on atteint le dernier point de passage, la frontière de POLOGNE à 7h (heure polonaise) après 30 heures et demie de patience.
Un peu plus loin, sur le bord de la route, on retrouve les Belges que nous avons attendus. On se dit adieu.
Et maintenant, on va traverser la Pologne d’une traite. Il va falloir rattraper le retard, d’autant que Caroline est attendue par sa maman.
A midi, nous faisons halte à VARSOVIE. Nous mangeons dans un snack-bar sur la place du Palais Royal. Nous achetons un beau jeu d’échec en bois pour Jean-Lionel.
Le soir, à 19h30, on s’arrête dans une forêt pour manger. Puis nous reprenons la route. A 22h30, nous passons en Allemagne. Viviane et moi nous relayons pour conduire. Nous faisons le trajet de nuit avec quelques arrêts sur les aires d’autoroute...
Dimanche 26 juillet 1992
...C’est notre troisième nuit sans dormir. Nous traversons l'Allemagne.
Nous arrivons à Schiltigheim vers 14h, après 5940 km de voyage.
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